Donner, quelle joie !
Plus de projets, plus de dons plus de personnes aidées. La solidarité antonienne grandit malgré la crise et contre toute attente. Quel est son secret? Le père Valentino Maragno, directeur de la Caritas Saint-Antoine, essaie de nous l’expliquer par les chiffres et encore plus par le témoignage du lien d’émotions et de gratitude qui unit ceux qui reçoivent à ce qui donnent au nom d’Antoine.
En temps de crise, la solidarité antonienne augmente. Plus de dons, plus de projets, plus de personnes aidées. C’est ce que nous révèle le bilan 2012 de la Caritas Saint-Antoine qui se clôt avec 90 000 € en plus investis dans des projets par rapport à 2011. Ce montant est encore plus considérable si on le compare aux quatre dernières années. Ainsi, les dons destinés à la solidarité ont augmenté de 6,5 % de 2009 à 2012, à savoir de 8 809 000 €, contre 8 240 000 € pour les années 2005-2008. « C’est comme si nos bienfaiteurs – commente le père Valentino Maragno, directeur de la Caritas Saint-Antoine – se sentaient membre d’une famille, d’une communauté de personnes et de valeurs, où la solidarité est à la fois un trait distinctif et un besoin de l’âme. Malgré la crise et les difficultés que de nombreuses personnes vivent, être l’espoir de ceux qui ont moins encore est une ouverture de taille pour l’avenir. Une caractéristique qui nous reconduit à François et Antoine, à leur façon d’être avec les derniers. »
Types de projets
139 projets financés dans 44 pays. La plupart des projets concerne l’école (42 projets), la santé/hygiène (35), puis l’eau (22), la promotion humaine (19) et les activités de micro-crédit (7). L’école et la santé se taillent donc la part du lion aussi par rapport aux fonds qui leurs sont consacrés : l’école reçoit 33 % du montant total, la santé 23 %. En troisième position de cette liste, une nouvelle voix : la promotion humaine, c’est-à-dire l’ensemble de réalisations et projets qui visent l’engagement de populations et de communautés dans des processus de développement. « Il s’agit le plus souvent de formation et d’information pour réduire la mortalité, pour augmenter la productivité des terrains, pour améliorer la gestion de l’eau ou pour créer des activités. »
Le tournant communautaire, déjà présent en 2011, se reflète aussi sur le type de bénéficiaires au centre de la solidarité antonienne. Les premiers, comme le veut la tradition, sont les enfants et les jeunes qui, ensemble, constituent 49,64 % des projets, en deuxième position se trouvent les communautés, qui constituent environ 30 % des projets ; il s’agit surtout de populations qui vivent dans des territoires ruraux, les plus pénalisés par l’absence de services, de routes, de moyens et d’ouvriers. « Ce n’est pas par hasard – explique le père Maragno. Les deux types de bénéficiaires sont étroitement liés : on ne peut pas penser améliorer la vie de quelqu’un sans penser à la promotion de la communauté où il vit. » L’approche communautaire est aussi le résultat du type de référent privilégié par la Caritas Saint-Antoine : « Nous travaillons – précise le directeur – surtout avec des missionnaires, laïcs ou religieux, de toute nationalité, avec ceux qui appartiennent à notre ordre religieux mais aussi à d’autres ordres, congrégations ou diocèses. L’important est de partager une perspective : favoriser les derniers. »
Le fait que la plupart des projets vise le développement des communautés rurales est confirmé par le fait que plus des deux-tiers des réalisations concernent trois domaines : la construction d’infrastructures, l’achat d’instruments et la formation. « Un circuit qui se poursuit : nous ne nous limitons pas à construire des écoles, des dispensaires, des puits, des ateliers, des micro-entreprises, mais nous fournissons les moyens pour les utiliser et la formation pour les faire fructifier et durer dans le temps. Sans ces trois aspects, un projet ne sert à rien : c’est toujours une communauté consciente qui rend un projet efficace. »
Une fois de plus c’est l’Afrique (l’Afrique subsaharienne surtout), qui est au centre de notre solidarité, l’Ouganda et la Tanzanie en particulier. L’Afrique a reçu 60 % des donations, l’Asie est toujours en deuxième position de ce classement avec 16,5 % des ressources investies, alors qu’augmentent considérablement les fonds accordés à l’Amérique Latine, et en dernier, les pays européens. « La crise nous a fait changer notre perspective : la pauvreté n’appartient plus seulement à des pays lointains, mais elle nous concerne tous de près. Nous avons à cet effet mis à jour notre statut afin de pouvoir mieux agir même sur les pauvretés de nos pays. Par exemple, nous récoltons des fonds pour la reconstruction de l’école maternelle de Cavezzo, près de Modène, petite ville détruite par le séisme en Émilie-Romagne.
Une partie des fonds est destinée aux œuvres sociales des frères en Italie : le Village Saint-Antoine, tout près de Padoue, qui s’occupe de mineurs avec des difficultés familiales et d’handicapés, la Communauté de Monselice (Padoue) qui accueille des personnes dépendantes à la drogue ou à l’alcool, les frères conventuels de Come qui œuvrent dans la prison et ceux de Bari qui s’occupent d’un centre d’accueil pour jeunes. »
Les merveilles du petit
La plupart des projets approuvés sont des micro-réalisations, toutefois le seuil de financement minimum augmente : 34,5 % des projets coûtent entre 10 et 20 000 €, environ 33 % sont au-dessous des 10 000 € alors qu’ils étaient les plus fréquents en 2011 (50 %).
« La crise frappe plus durement dans les pays pauvres. L’inflation érode les fonds en quelques semaines et souvent nous devons augmenter les montants prévus pour compléter les travaux. Et si à cela nous ajoutons les catastrophes naturelles ou les bouleversements politiques – très fréquents dans ces pays – réaliser les projets devient une véritable entreprise. Malgré toutes ces difficultés, 98 % de nos projets sont menés à terme, un résultat qui tient du miracle. »
Quel est le secret de la Caritas Saint-Antoine ? Le père Maragno sourit et poursuit : « Une structure agile avec de moindres frais de gestion, le travail fait avec des missionnaires capables de créer des réseaux de gratuité et de solidarité, des projets petits, adaptés au niveau de développement et voulus avec force par les populations concernées et puis cette sensation, très belle, d’être tous sous le même toit, tous enfants de saint Antoine. » Il fait une pause et reprend son récit : « Vous savez ce que m’écrivent les personnes qui bénéficient de nos projets? Avant tout, elles expriment une reconnaissance profonde car des personnes lointaines et inconnues ont accueilli leur douleur, et puis elles veulent remercier par une prière, s’unir à nous spirituellement au moins. Un circuit d’émotion et d’affection qui m’étonne chaque fois. » n
Le bilan en bref
Ressources dépensées par continent
Afrique 60,75 %
Asie 16,41 %
Amérique 13,06 %
Europe 9,78 %
Ressources dépensées par domaine
École 33,06 %
Santé et hygiène 23,22 %
Promotion humaine 20,68 %
Eau 9,63 %
Maison 5,03 %
Autre 4,86 %
Micro-crédit 3,51 %
Projets approuvés par type d’intervention
Construction 42,45 %
Achat d’équipement 17,27 %
Formation 9,35 %
Restructuration 5,76 %
Achat de médicaments 5,04 %
Élevage 4,32 %
Nourriture 3,6 %
Soins médicaux 2,88 %
Agrandissements 2,16 %
Petites entreprises 2,16 %
Formation
d’enseignants 1,44 %
Projets multiples 2,88 %
Autre 0,72 %
Bénéficiaires en pourcentage
Population 30,22 %
Enfants/jeunes 49,64 %
Familles 6,47 %
Malades 5,76 %
Femmes 2,88 %
Prisonniers 1,44 %
Autre 3,6 %