Dévotion sans frontières
Comme chaque année, la Basilique dresse son bilan de l’année écoulée. Une année particulièrement féconde, malgré les aléas des transports qui ont touché les pays outre-Atlantique après les attentats du 11 septembre. Depuis le début 2002, confirme Frère Marcel, custode de la Basilique, on note un retour en force des Américains avec, dans leur coeur, une forte invocation pour la paix dans le monde.
Traduit en chiffres, ce mouvement spirituel représente plus de 7 200 groupes organisés, dont 2073 venant d’Italie et 5189 de 69 autres pays du monde
Dans ce cortège, la Pologne vient en tête avec 885 pèlerinages faisant étape à Padoue au cours de leur voyage vers Rome. Ils sont suivis de l’Allemagne, avec 638 groupes sont venus d’Allemagne, 666 des Etats-Unis, 517 de France, 513 d’Espagne, 256 du Portugal, 39 du Canada, 38 de Suisse, 27 de Belgique, 20 du Liban, 16 de l’Erythrée… A ces groupes organisés, il convient d’ajouter les pèlerins isolés, les groupes familiaux, les grands rassemblements du 13 juin, Noël, Pâques et de la Journée des malades. Des visages heureux, des habits multicolores d’Australie, de Singapour, de Syrie, de Thaïlande, du Congo, d’Arménie, d’Iraq, d’Iran, Mexique, de l’Inde et de Malaisie… Saint Antoine reste, dans le temps comme dans l’espace, le Saint que tout le monde aime , et sa Basilique, le rendez-vous des pèlerins du monde.
Traces de piété et de drames intérieurs
Chose remarquable: par-delà les pratiques de dévotion, les célébrations de l’eucharistie, la prière à la Tombe de saint Antoine, les moments de réflexion sur sa vie et son message, beaucoup de pèlerins aiment laisser un témoignage écrit sur des cahiers placés à l’entrée de la Basilique : Venir à Padoue, écrit un pèlerin, est pour moi une joie immense. Merci à saint Antoine de m’y avoir conduit une nouvelle fois. Je te prie, note un deuxième, intercède pour moi et pour un membre de ma famille gravement malade. Souvent, sur ces mêmes cahiers, des écritures hésitantes traduisent l’émotion et une larme.
Sans compter les nombreuses feuilles sur lesquelles on couche une intention, une demande pour qu’elle soit déposée près de la Tombe : Nous n’en avons jamais assez, raconte Attilio, chargé de l’accueil et de la sécurité à la Basilique. En 2002, nous avons recueilli plus de 24 000 messages, 2000 en moyenne chaque mois. Les pèlerins aimant écrire…
Ces visiteurs sont-ils de simples touristes ? Non, répond le Frère Marcel : ce sont de vrais pèlerins qui rendent visite au Cher saint Antoine et lui confient leurs soucis personnels. Certaines femmes se privent même de ce qu’elles ont de plus cher pour soutenir leur demande ou exprimer leur reconnaissance. Je vous offre ma robe de mariée, écrit J., pour que celle qui le portera après moi ait une vie conjugale plus heureuse que la mienne. Je donne cette robe, écrit M., pour que mon mari quitte l’habitude du jeu.
Ce sont des joies et des peines que l’on confie à saint Antoine, sans fausse pudeur, pour qu’il les remette entre les mains du Seigneur, dans un colloque intime, au cours des 16 000 messes qui sont célébrées chaque année à la Basilique.