Développer le sens du beau chez les enfants
« Arrête-toi et admire ! Regarde, comme c’est beau ! » Vous vous reconnaissez dans ces verbes utilisés si souvent face à vos enfants ? Savoir regarder et éduquer à la beauté est tout simplement vital, pour les enfants mais aussi pour les adultes ! Le bénédictin olivétain qui prêcha la retraite aux membres de la Curie romaine en mars dernier a d’ailleurs insisté sur le « besoin de la beauté ».
La beauté est un chemin de paix et pour le Pape, le rôle des artistes est de faire « briller la beauté ». Quand nous admirons une œuvre d’art ou une merveille de la nature, nous découvrons que tout nous parle de Dieu. À travers la subjectivité de l’artiste, c’est l’âme d’une personne, d’un peuple, d’une communauté qui vibre. À travers le langage de la beauté, une œuvre d’art peut porter une étincelle d’espérance et de confiance. Pour apprendre à observer, il faut prendre le temps.
Apprendre à admirer
Prendre le temps de regarder une œuvre d’art, cela peut être le début pour revenir au beau ! Une œuvre d’art peut amener les jeunes à découvrir les secrets de la beauté et ses bienfaits. Ainsi, regarder une œuvre d’art est aussi un moyen de s’arrêter pour voir et s’émerveiller. Le regard peut toujours s’ouvrir, mais il faut conduire l’enfant à observer et s’émerveiller. L’émerveillement s’éduque et il n’est pas souvent une priorité.
Pour un premier contact avec l’art, il est préférable de ne prendre que des œuvres exceptionnelles pour que l’enfant soit confronté à la beauté. Pour décrire de belles images, les enfants cherchent de beaux mots. Ils découvrent alors la délicatesse, la courtoisie et la richesse du langage. Ils découvrent aussi que la beauté peut conduire à la foi.
Pour saint Jean Paul II « toute forme authentique d’art est, à sa manière, une voie d’accès à la réalité la plus profonde de l’homme et du monde. Comme telle, elle constitue une approche de l’horizon de la foi, dans laquelle l’existence humaine trouve sa pleine interprétation ».
Connaître les artistes est précieux car ils sont « sensibles par nature à toutes les manifestations de la beauté intime de la réalité », selon le saint pape. Apprendre aux enfants le sens de la beauté n’est ni accessoire ni éphémère car faire l’expérience du beau authentique fait partie de la recherche du bonheur.
Joie et beauté
Paul VI assurait déjà que le monde dans lequel il vivait avait « besoin de beauté pour ne pas sombrer dans le désespoir ». Ces paroles sont pour toutes les générations. Et d’affirmer : « La beauté, comme la vérité, est ce qui apporte la joie au cœur des hommes, elle est ce fruit précieux qui résiste à l’usure du temps, qui unit les générations et les fait communiquer dans l’admiration ».
La beauté est le langage qui permet de relier les hommes, les cultures, les âges. Les artistes, « gardiens de la beauté de notre monde », rendent saisissable le monde invisible, c’est pour cela que l’Église s’est si souvent tournée vers les artistes. Les enfants sont les premiers à saisir cette réalité.
Qu’ils soient poètes, écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, musiciens, acteurs, hommes du théâtre, cinéastes, les artistes sont épris de beauté et vivent une relation particulière avec elle. Paul VI leur demandait déjà de ne pas refuser de mettre leur talent « au service de la vérité divine ».
Cela signifie aussi de « s’affranchir de goûts éphémères et sans valeur véritable », et « se libérer de la recherche d’expressions étranges ou malséantes ». Jean Paul II, en écrivant aux artistes en 1999, prolongeait cette réflexion : « Celui qui perçoit en lui-même cette sorte d’étincelle divine qu’est la vocation artistique (…) perçoit en même temps le devoir de ne pas gaspiller ce talent, mais de le développer pour le mettre au service du prochain et de toute l’humanité ».
Si un enfant s’ouvre au beau, il s’attachera au bien car « la beauté, soulignait saint Jean Paul II, est en un certain sens l’expression visible du bien, de même que le bien est la condition métaphysique du beau ». Un enfant perçoit le mystère du monde de manière plus naturelle et moins biaisée qu’un adulte car son regard encore empreint de pureté le préserve davantage des obscurités. Nous éprouvons le besoin de vivre avec l’art, cette « sorte d’appel au Mystère », selon saint Jean Paul II. L’enfant, pour qui le mystère ne gêne pas, peut donc avoir un contact avec l’art assez aisé.
Le besoin de l’art
Pour transmettre le message du Christ, l’Église a besoin de l’art pour rendre perceptible le monde invisible de Dieu. Les formes, les couleurs, les mots permettent de traduire un message et de faire passer le beau.
L’art ne saurait être complet sans les musiciens qui, au cours des siècles, ont alimenté la foi des hommes par des mélodies et compositions sacrées faisant percevoir le sens du mystère. « Par le chant, confiait saint Jean Paul II, la foi est expérimentée comme un cri éclatant de joie et d’amour, une attente confiante de l’intervention salvifique de Dieu. » La beauté, dont la gratuité est évidente, sauve le monde. Face aux membres de la Diaconie de la Beauté, le pape François leur a rappelé que l’Église comptait sur eux « pour rendre perceptible la Beauté ineffable de l’amour de Dieu et pour permettre à chacun de découvrir la beauté d’être aimé de Dieu, d’être comblé de son amour, pour en vivre et en témoigner dans l’attention aux autres ».
Si la beauté est « une invitation à savourer la vie et à rêver de l’avenir », selon les mots de saint Jean Paul II, donnons à nos enfants le cadeau de l’éducation au sens du beau !