Derrière leur visage
Quand je pense à mes frères et sœurs sans domicile fixe, une multitude de questions me vient à l’esprit. Pourquoi, dans le décor de nos villes, sont-ils devenus un élément pratiquement omniprésent et sans cesse plus nombreux ? D’ailleurs, on les remarque surtout en hiver, alors qu’ils sont parmi nous pendant toute l’année. Je pense aussi à la manière dont nous les regardons. S’ils ne deviennent pas « transparents » à notre regard, par habitude ou par gêne, on les voit surtout comme un élément qui fait désordre et qui perturbe quelque peu nos villes. C’est bien ce qu’expriment certaines administrations à leur égard, comme si leur présence dégradait en quelque sorte notre cadre de vie.
Dès lors, je ne peux pas éviter de m’interroger : mes frères et sœurs sans domicile fixe, jouissent-ils encore de la plénitude de la dignité humaine ? Ou bien ne sont-ils pas devenus, comme le dit notre Pape, un déchet que notre société produit en se déshumanisant toujours davantage ?
Et je ne peux oublier que Jésus, notre Sauveur, est lui-même né comme un SDF, car il n’y avait pas de place pour lui et ses parents… Et je ne peux oublier non plus qu’un jour le Seigneur me dira : « J’avais faim, j’avais soif, j’étais nu, étranger, malade, en prison »… qu’as-tu fait pour moi ? Et si, dans le visage souvent blessé de mes frères et sœurs sans domicile fixe, se cachait le visage de Celui qui ne cesse de venir frapper à la porte de mon cœur ?