De l’art de cultiver ses racines

29 Juillet 2013 | par

Quelle est l’histoire de ma famille ? Qui m’a donné la vie ? Quelles sont mes origines culturelles et sociales ? Loin d’être accessoires, ces questions sont au contraire au cœur du processus de maturation de l’individu, ne serait-ce que pour ne pas en être prisonnier et pouvoir envisager l’avenir.

 


C. a seize ans, au plus fort de sa crise d’adolescence. Depuis quelques semaines, elle explique à ses amis sur le ton de la confidence qu’elle a surpris une discussion entre ses parents : elle serait en fait adoptée. Elle est allée jusqu’à s’octroyer un nouveau prénom, O. (et sa consonance étrangère n’en est que plus significative).

 

Entre fantasme et recherche de vérité

C. est en plein fantasme : ses parents ne la satisfont pas, elle s’invente donc une ascendance idéale. Freud a donné à ce processus le nom de « roman familial » : enfants et adolescents n’y coupent pas (même si la plupart ne donnent pas tant de corps à leur délire) et c’est lorsqu’ils ont accepté les failles de leurs parents « réels » que le phénomène disparaît.

La chose est forcément plus délicate pour les enfants véritablement adoptés… et peut devenir un calvaire pour ceux qui ne peuvent pas avoir accès aux informations concernant leurs origines biologiques. Ainsi, une association regroupant des enfants nés d’un don de sperme, Procréation Médicalement Anonyme, milite pour la levée de l’anonymat du donneur.

 

On ne peut réduire l’homme à un matériau

Ce qui est frappant dans le témoignage de ses membres, c’est qu’ils ne cherchent nullement un père de substitution. Non : ils veulent juste voir le visage de leur géniteur, lui donner corps ne serait-ce que sur une photographie.

Ceux qui s’opposent à cela parlent du délire (mais nous venons de voir que tout être en construction a besoin de passer par le délire) d’une infime minorité. Pourtant, une étude américaine nommée My Daddy’s Name is Donor (Le nom de mon papa est Donneur) estime, elle, que deux tiers des personnes nées d’un don de sperme accordent une grande importance à l’identité de leur géniteur. 

 

L’adolescence, un moment-clé

C’est à l’adolescence que la construction identitaire est à son apogée, et que par conséquent les racines jouent un rôle crucial : qu’on s’appuie sur elles, qu’on les mette (plus ou moins rudement) à l’épreuve, qu’on les réinvente ou qu’on se lance à leur recherche, toutes ces attitudes révèlent qu’elles ne laissent pas indifférent. Quand l’un se passionne pour sa généalogie, l’autre fait exploser un secret de famille que l’on croyait enfoui – et encore une fois, tout cela relève de la même logique.

 

Des parents au Père

Pour nous chrétiens, cette réflexion prend un aspect très particulier dans la mesure où notre foi éclaire la question des racines autant qu’elle s’en nourrit. Réaliser que l’orgueil, source de tout péché, est précisément le fait de se considérer comme sa propre origine, c’est peut-être le voir sous un jour nouveau. Contempler Jésus priant et nous apprenant le Notre Père, c’est comprendre que cette relation est source de vie. Méditer le commandement « Tu honoreras ton père et ta mère », c’est saisir qu’aimer ses parents est le commencement de l’amour de Dieu. n

 

Le respect des aînés par amour pour Dieu

 

« Tu honoreras ton père et ta mère » Ce commandement s’adresse […] aux enfants dans leurs relations avec leur père et mère, parce que cette relation est la plus universelle. […]

Il demande [aussi] de rendre honneur, affection et reconnaissance aux aïeux […]

Il s’étend enfin aux devoirs des élèves à l’égard du maître, […] des subordonnés à l’égard de leurs chefs, des citoyens à l’égard de leur patrie, de ceux qui l’administrent ou la gouvernent.

[L’observer] comporte sa récompense : « Honore ton père et ta mère afin d’avoir longue vie sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donne ».

Le respect de ce commandement procure avec les fruits spirituels, des fruits temporels de paix et de prospérité.

Au contraire, l’inobservance de ce commandement entraîne de grands dommages pour les communautés

et pour les personnes humaines.

 

Dans le Catéchisme de l’Église Catholique

Updated on 06 Octobre 2016