De la tiare à la mitre
Coiffer la tiare signifiait accéder à la papauté et revêtir une responsabilité non seulement spirituelle mais également civile.
Preuve en soit l’ajout successif des trois couronnes, la première à la fin du 12e s. avec Innocent III, en pleine querelle du « sacerdoce et de l’empire », la deuxième à la fin du 13e s. avec Boniface VIII, aux prises avec le roi de France Philippe le Bel, et la troisième au 14e s. avec Benoît XII, pape d’Avignon. Chaque couronne accentuait la volonté d’affirmer la suprématie du pontife sur les autorités séculières. Du reste, la richesse de la décoration de la tiare a atteint des proportions inquiétantes, notamment au 16e s., comme celle de Jules II ornée d’un rubis de 120 carats surmonté d’une perle !
La mitre de l’évêque de Rome
Heureusement, le symbolisme du pouvoir temporel s’est estompé pour ne plus laisser place qu’à celui du pouvoir spirituel. C’est la raison pour laquelle la tiare figure aujourd’hui encore dans le blason pontifical, y compris pour le pape François !
C’est Paul VI, élu en plein concile Vatican II (1964), qui a rompu avec l’usage du port de la tiare pontificale pour souligner qu’il renonçait définitivement à toute prétention politique : il a préféré la mitre à la tiare, manifestant ainsi que le pape est d’abord l‘évêque de Rome, et que c’est à ce titre qu’il est le serviteur de l’unité de l’Église et du Collège épiscopal. En succédant à Pierre, le Souverain Pontife devient l’évêque de la ville où se trouve le tombeau du « premier » des apôtres, et en tant que tel, il est appelé à veiller à la communion dans la foi catholique.
Dans l’esprit de Vatican II
Le choix de Paul VI, imité par ses successeurs, correspond parfaitement aux orientations théologiques de Vatican II. Le Pape est d’abord un pasteur, appelé comme tous les autres évêques, à guider son troupeau à la suite du Christ. Avec la crosse, la mitre, du mot égyptien mythra signifiant « le bandeau », est apparue vers le 12e s. comme le signe de la charge épiscopale. Elle correspond à la coiffe du grand-prêtre de l’Ancien Testament et désigne l’évêque comme assumant la plénitude du sacrement de l’ordre au service de la sanctification du peuple de Dieu. D’abord conique, c’est vers le 13e s. que la mitre a pris sa forme actuelle, avec la fente de droite à gauche.
Puisse le nouveau pape poursuivre dans la ligne de la simplicité et de l’humilité franciscaine qu’il a adoptée, à l’exemple de François d’Assise, et débarrasser l’exercice de la papauté de tous les vestiges d’un passé parfois contestable.
QUIZ
1. Pourquoi Paul VI a-t-il préféré la mitre à la tiare ?
a. Pour signifier qu’il était d’abord l’évêque de Rome
b. Par choix esthétique
c. Sur ordre de Jean XXIII, son prédécesseur
2. Quels sont les autres symboles distinctifs de l’évêque ?
a. La chasuble
b. Le pallium
c. La crosse, l’anneau et la croix pectorale
3. Combien de couronnes la tiare comporte-t-elle ?
a. Une
b. Trois
c. Deux