Construire Ensemble
La famille est une voie de sanctification, Marie Poidatz en est convaincue. À tel point qu’elle s’y consacre totalement, tant professionnellement que personnellement. Pour cela, elle peut compter sur les Chantiers-Éducation, dont elle est responsable pour les Hauts-de-Seine.
À 34 ans, mariée depuis dix ans et maman de quatre enfants, Marie Poidatz est une jeune femme dynamique, souriante et très engagée. « La foi est quelque chose de personnel, une relation intime avec Dieu. Ma façon de l’exprimer, c’est en m’engageant et en la vivant au quotidien. »
Ainsi, même ses choix professionnels y puisent leurs racines. « J’ai une formation de travailleur social. C’est une manière d’incarner ma foi. » Mais son engagement n’est pas que professionnel. Marie s’est beaucoup investie dans l’accompagnement de camps, de colonies, ou encore dans le programme Teenstar qui aide les jeunes à assumer pleinement leur sexualité. Des engagements qui tournent tous autour de la jeunesse et de la famille.
« J’ai pris conscience assez tôt des souffrances familiales et du fait qu’elles allaient empirer dans notre société. Du coup, ça m’a mobilisée pour essayer d’accompagner les familles, et les jeunes surtout, à construire une vie affective paisible. »
Et puis il y a huit ans, étant jeune maman, Marie arrête de travailler et déménage dans une nouvelle ville. C’est là qu’une de ses amies lui parle des Chantiers-Éducation. « Je me sentais seule et j’ai découvert un concept qui a énormément résonné en moi. Il incarnait des aspirations que je n’avais pas trouvées dans le monde du social ! La démarche consiste à rendre les parents acteurs dans leur fonction éducative. Pour moi, c’était aussi valoriser, restaurer la jeune maman que j’étais. Comme toutes les mamans, j’hésitais, j’avais peur de mal faire, et cela m’a redonné confiance ! »
Espace de libre parole, Marie qualifie les Chantiers-Éducation de laboratoires d’analyse des expériences. « Chaque maman raconte son expérience sur un thème donné. On s’écoute, sans réagir, sans juger. C’est un lieu où aucun professionnel ne va nous dire comment il faut faire. Cela nous permet aussi de comprendre pourquoi je fais comme cela, pourquoi je pose tel acte, en vue de quel bien pour mon enfant. On s’aperçoit que l’on a toutes la même volonté de bien faire, mais que nous n’avons pas les mêmes manières de faire. »
Une démarche que Marie qualifie de profondément chrétienne. « Parce que c’est un lieu de réflexion, de remise en cause de notre manière de faire. On sait que l’on peut se planter et l’on sait aussi que l’on a besoin des autres pour avancer. »
Depuis quatre ans, Marie est référente des Hauts-de-Seine, c’est-à-dire qu’elle propose, développe les Chantiers-Éducation du département, et assure le suivi des chantiers existants. Parmi les objectifs de développement, la mise en place de chantiers plus spécifiques est une des priorités. « Par exemple, des Chantiers pour les mamans qui ont des enfants handicapés, pour les mamans seules ou en famille recomposée. C’est important parce que ça crée une cohésion et une dynamique plus forte en permettant de répondre à des interrogations communes. »
Elle travaille aussi à un projet de partenariat avec sa ville pour développer des Chantiers au niveau communal. En parallèle, Marie a repris des études et termine un master en fertilité et sexualité conjugale à l’Institut Jean-Paul II de Rome. Ainsi, elle espère trouver une remplaçante pour l’année prochaine, afin de le mettre à profit.
« Benoît XVI disait que la rencontre entre l’homme et la femme est l’archétype de l’Amour. Pour moi c’est très important d’arriver à trouver des moyens concrets pour faire prendre conscience que la sainteté se vit dans son quotidien et dans ses relations avec son mari et ses enfants. » Et des idées, Marie semble en avoir. n
Lieu d’écoute et de partage
Créés en 1990, les Chantiers-Éducation sont un service des Associations Familiales Catholiques (AFC). Vingt ans plus tard, pas moins de 630 Chantiers-Éducation regroupent plus de 5 000 familles. Lieu d’écoute, d’échange et de partage entre parents sur les questions d’éducation, ils bénéficient de soutiens notamment de la part de nombreuses CAF, de conseils généraux, ainsi que d’une convention cadre avec le ministère de l’Éducation Nationale. Composé d’une dizaine de mamans, chaque Chantier se retrouve une fois par mois pour un partage d’expérience personnelle sur un thème d’éducation choisi ensemble. Dans chaque Chantier, une animatrice veille à sa dynamique et à sa cohésion, alors qu’une responsable s’occupe de la préparation et propose en amont des réunions, comprenant trois questions auxquelles les papas sont invités à répondre avec les mamans. Ouvert à tous les parents, les Chantiers sont cependant fondés sur une vision chrétienne de l’éducation, une vision réaliste qui correspond finalement à beaucoup de personnes, croyantes ou non.