Consacrés : un don pour le monde
Ce 30 novembre, s’ouvrira l’Année de la vie consacrée qui s’étendra jusqu’au 2 février 2016. Une longue année pour réaliser la grandeur de cette vocation, savourer les bienfaits d’une vie consacrée et se laisser bousculer par Dieu. À la suite du Christ et du Saint-Père.
Elles sont un rayon de la beauté divine. Elles sont un don pour tous. Ce sont les personnes consacrées ! Des hommes et des femmes rendus sacrés pour Dieu, qui se sont mis à l’écart du monde, non pour le rejeter, mais pour mieux l’aimer encore. Lorsque l’on parle des personnes consacrées, vient immédiatement à l’esprit la notion de gratuité et de générosité, de bonté et de douceur. Elles représentent la surabondance de gratuité dans notre monde qui évalue l’importance des choses et des personnes à leur « utilité » immédiate. Saint Jean-Paul II avait déjà prévenu que le monde risquait d’être « étouffé par le tourbillon de l’éphémère ». Pour ne pas être emporté dans cette tourmente utilitariste, il faut être enraciné dans l’amour de Dieu, avoir les pieds sur terre et prendre le temps d’écouter, de donner gratuitement ; c’est la tâche de tout consacré et un idéal à vivre pour tout laïc. Pour le saint pape polonais, la vie consacrée a aussi pour mission de « garder vivante dans l’Église la forme historique de vie assumée par le Fils de Dieu quand il est venu sur cette terre ». Et pour mettre en avant le flambeau légué aux personnes consacrées,
Jean-Paul II avait imaginé de célébrer chaque année, depuis 1997, une journée de la vie consacrée. Cette journée est célébrée chaque année, depuis 17 ans, le 2 février, fête de la Présentation de Jésus au Temple, qui annonce le don de Jésus par amour de Dieu.
Un modèle de vie
La première tâche d’une personne consacrée consiste à proposer l’idéal de la sequela Christi, c’est-à-dire à imiter le Christ chaste, pauvre et obéissant. Les personnes consacrées vivent la chasteté non dans la privation ou la frustration mais dans la joie de suivre la vie que Jésus a menée. La pauvreté appliquée par les consacrés contrebalance le matérialisme actuel et l’avidité de possession qui habite les hommes. Enfin, l’obéissance (du latin obaudire, écouter) est fondée sur l’écoute de la Parole. Être consacré signifie vivre avec une Parole vivante et non pas vivre des observances. La Parole de Dieu s’adresse à une personne dans une communauté concrète à travers des hommes concrets et les circonstances concrètes de la vie. Par ailleurs, dans la logique de l’amour du Christ pour les hommes, les consacrés sont au service des pauvres et des malades. Jean-Paul II n’hésitait pas à rappeler qu’il était du « devoir » des personnes consacrées de « s’employer à l’humanisation de la médecine et à l’approfondissement de la bioéthique, au service de l’Évangile de la vie ». La vie consacrée est ainsi, par le langage des œuvres, un reflet de la charité divine.
De saint Benoît à Mère Teresa
La vie consacrée recouvre aujourd’hui des formes de vie différentes et complémentaires, avec une variété de charismes, signes des dons de l’Esprit Saint. Ainsi, au fil des siècles, l’Esprit Saint a suscité de nouvelles formes de vie religieuse pour répondre aux besoins des hommes et de l’Église. La forme la plus ancienne de vie religieuse est la vie monastique, remontant au
IVe siècle. La figure la plus marquante de cette vie est saint Benoît. Puis, au XIIIe siècle, la vie religieuse apostolique est apparue avec saint François d’Assise, saint Dominique, qui n’hésitaient pas à sortir des monastères pour annoncer la Bonne Nouvelle sur les routes.
Sept siècles plus tard, Mère Teresa a emboîté le pas de ces grands saints ; dans cette vie apostolique, le monastère des religieux est le monde car ils vivent au milieu de leurs contemporains. Au cœur des villes et parmi les hommes : telle est notamment la vie choisie par les Fraternités Monastiques de Jérusalem. L‘Église est également enrichie d’instituts séculiers, comme Notre-Dame de Vie ; ces membres ne changent pas d’état – ils ne deviennent pas religieux – tout comme les vierges consacrées ou les membres des sociétés de vie apostolique, tels les Sulpiciens ou les Oratoriens. Ces formes de vie consacrée ont en commun de vivre la charité et de prier pour le monde. Aujourd’hui, la diminution du nombre des vocations pèse sur la vie consacrée : en 2006, la France comptait par exemple plus de 43 000 religieux et religieuses apostoliques et 48 000 contemplatifs ; en 2014, ils ne sont plus que 31 000 et 35 000 respectivement.
Écoute et rencontre… non virtuelle
« À l’origine de toute vocation à la vie consacrée, il y a toujours une expérience forte de Dieu, une expérience qui ne s’oublie pas, on s’en souvient toute sa vie ! », avait confié le pape François en 2013. S’il n’y a pas de modèle, une personne consacrée a été un jour interpellée, de manière personnelle, par la Parole de Dieu, par l’Évangile. C’est une rencontre, une relation avec le Christ, une amitié avec le Seigneur qui est née et se développe dans la durée, dans la fidélité à la prière, dans la persévérance et la confiance.
La vie monastique au XXIe siècle n’est pas étanche aux évolutions du monde. Ainsi, le virtuel a pris sa place dans les monastères, les religieux utilisant Internet et les mails. Ces modes de communication peuvent aider à rejoindre les laïcs, qui ont besoin des consacrés et cette solidarité est peut-être encore plus vraie qu’autrefois. Les monastères sont des oasis de paix, de silence, de calme, de plus en plus recherchés. Une halte appréciée sur notre route. Et chacun repart dans son quotidien pour être missionnaire de la joie… et faire naître de nouvelles vocations !
« Les différentes difficultés, résultant de la réduction du personnel et de la diminution des initiatives, ne doivent en aucune manière faire perdre confiance dans la force évangélique de la vie consacrée, qui sera toujours d’actualité et agissante dans l’Église. Si aucun des Instituts ne peut prétendre à la pérennité, la vie consacrée n’en continuera pas moins à nourrir parmi les fidèles la réponse de l’amour envers Dieu et envers les frères. Pour cela, il est nécessaire de distinguer entre le destin historique d’un Institut déterminé ou d’une forme de vie consacrée, et la mission ecclésiale de la vie consacrée comme telle. Le premier peut se transformer à cause des changements dus aux circonstances, la seconde est appelée à durer. »
Jean-Paul II, 63. Vita consecrata, 25 mars 1996