Chrétiens de Terre Sainte
« La Terre Sainte ne doit pas se vider de ses chrétiens ; ce ne sont pas des “pierres mortes” mais bien des “pierres vivantes”. » Cet appel de Mgr Mtanios Haddad, vicaire patriarcal grec melkite catholique de Jérusalem, souligne la situation difficile des chrétiens en Terre Sainte, mais aussi leur volonté de rester et de témoigner.
Dans le contexte de guerre larvée ou déclarée entre Palestiniens et Israéliens, la minorité chrétienne – 2% de la population seulement – généralement très pauvre, est tout à la fois soumise aux violences qui secouent la région et à un islamisme identitaire. Ces chrétiens, eux-mêmes très diversifiés (treize dénominations qui regroupent catholiques, orthodoxes et réformés), sont tentés de partir, surtout depuis la deuxième intifada qui a commencé en l’an 2000. A l’heure actuelle, l’émigration touche en particulier la Cisjordanie. Bethléem, majoritairement chrétienne auparavant, ne compte aujourd’hui que 30% de chrétiens.
La plus grave menace est celle du terrorisme, mais des pressions existent de la part aussi bien des musulmans que des autorités israéliennes pour rendre inconfortable la présence des chrétiens. Pour se protéger des risques de bombes, le gouvernement israélien a choisi une solution radicale : un mur de sécurité. Jean-Paul II, lui, s’était écrié : « La Terre Sainte n’a pas besoin de murs mais de ponts ! » Et les chrétiens qui partagent la Bible avec leurs frères juifs et la langue arabe avec les musulmans, peuvent justement servir de “ponts”. Le pays a besoin d’eux, confiait Mgr Haddad à l’agence Apic.
Solidarité intérieure et extérieure
Encore faut-il que les communautés chrétiennes se maintiennent. Les initiatives se multiplient pour les aider.
Les Franciscains de Terre Sainte ont décidé de construire 80 appartements à Betphagé et 12 appartements à Bethléem.
L’école de Beit Sahour, accueille 93% d’étudiants chrétiens.
Près de Naplouse, les anglicans et les melkites ont une clinique, les latins une école. A Bethléem, les sœurs de la Charité œuvrent au quotidien dans la crèche de la Sainte-Famille pour sauver des enfants abandonnés.
Le projet “Marie de Nazareth”, un Centre international de rayonnement marial, en lien avec 12 Centres marials associés dans 12 langues différentes, pour présenter les richesses des traditions chrétiennes, que Mgr Giacinto Boulos Marcuzzo, l’évêque catholique latin de Nazareth, présentait le 18 octobre à Paris – est « un projet d’unité, utile pour les chrétiens, les musulmans et même les juifs. » Il sera réalisé dans cinq bâtiments de 4500 m2 au total, situés en face de la Basilique de l’Annonciation. L’accueil des visiteurs commencera dès 2006.
L’école catholique de Taybeh, soutenue notamment par l’Ordre du Saint-Sépulcre1 et une association toulousaine, “Une fleur pour la Palestine”, accueille des élèves chrétiens et musulmans. « S’ils étudient ensemble, ils pourront vivre ensemble », confiait en avril dernier le père Raed, curé du village.
Ces lieux témoignent de l’Evangile et permettent la coexistence des différentes communautés mais ils coûtent cher : « Nous ne survivons que grâce à la solidarité extérieure », déclarait Mgr Haddad, en septembre dernier.
Une aide qui vient à travers le réseau “Caritas”, l’Œuvre d’Orient et bien d’autres organisations ou associations moins connues… mais la première solidarité c’est celle des pèlerins qui, par leur présence, font vivre réellement de nombreuses familles (les activités autour des sanctuaires chrétiens sont majoritairement tenues par des familles chrétiennes). Et puis en rencontrant les communautés locales, en priant avec elles, pour elles, les pèlerins les reconnaissent dans leur rôle « d’Eglise-mère », selon la belle tradition de saint Paul.
Lumière de Bethléem 2005
Allumée au mois de novembre à la grotte de la Nativité à Bethléem par un jeune scout autrichien, cette flamme est rapportée à la cathédrale de Vienne en Autriche, où des scouts de toute l’Europe viennent la chercher pour la ramener dans leur pays. La délégation française, composée de jeunes de 14 à 18 ans, rapportera la lumière à Paris, le dimanche 11 décembre, en l’église Saint-Vincent-de-Paul, et des délégations scouts, guides et éclaireurs venues de toute la France la ramèneront ensuite dans les villes françaises, où elle sera distribuée aux groupes scouts, guides et éclaireurs, pour un Noël de paix et d’espérance.