Championne et maman...
Jadis, février rimait avec répit, après les fêtes, avant le débordement passager du Carnaval, et avant le Carême, temps de réflexion. Aujourd’hui, février renvoie aux vacances d’hiver, et cette année en particulier, avec Torino 2006 et ses championnats d’hiver. Ce numéro y fait allusion, avec le goût de saint François pour les hauteurs et, à Turin justement, avec le Monte dei Cappuccini.
Un championnat du monde d’hiver est une féerie : les compétitions de haut niveau se détachent sur un fond de cimes enneigées et de couleurs. Et tandis que les champions se disputent les plus hautes performances, sous les applaudissements du public, une jeune femme, championne elle aussi, se contente de les suivre en simple spectatrice. « Ma compétition, dit-elle, ne sera pas de courir après une médaille d’or, mais d’être maman. Je remercie Dieu de m’avoir fait ce cadeau, même si certains le jugent inopportun. » Vous l’aurez deviné : la jeune skieuse s’appelle Isi Kostner, 31 ans, meilleure skieuse italienne de descente féminine. Vraiment dans notre monde qui semble poursuivre les seules chimères du succès, de la performance et du culte des stars, il y a encore place pour la haute valeur de la vie, pour sa source, pour la préférer à tout podium et à toute médaille.
Changeant de sujet, une question m’est souvent posée : Que pensez-vous du nouveau Pape ? Question normale à l’adresse d’un personnage d’Eglise, mais est-ce la curiosité de savoir si le Pape actuel est aussi performant que son prédécesseur ; serait-ce un piège pour connaître mes positions par rapport à certains thèmes brûlants de l’Eglise, abordés précisément par l’ancien cardinal Ratzinger dans le passé ? Or, ma réponse va vers Benoît XVI en tant que pape : « Il connaît l’Eglise, dis-je, et ses problèmes, mieux que tout autre ; il aime proclamer la vérité, face aux petits et aux grands du monde. »
En effet, et vous l’aurez vous-mêmes remarqué, il sait parler aux simples pour leur éviter les pièges des faux chemins spirituels ; et aux grands, il rappelle leurs responsabilités. Le 9 janvier dernier, recevant les ambassadeurs près le Saint-Siège, il leur a dit : « On demande un effort accru de toutes les diplomaties pour repérer avec vérité… les obstacles qui s’opposent encore à des solutions efficaces et dignes de l’homme »… et d’égrener les problèmes des ceux qui souffrent de la faim, des déplacés, des réfugiés, des émigrés, du trafic des personnes, « une honte pour notre temps ».
Des champions sportifs ont su choisir entre les fantasmes et la vie. Les disciples du Seigneur que nous sommes sauront-ils en faire autant dans leurs choix quotidiens ? Que saint Antoine nous soit un exemple.