Bonne année Marc !
Rien ne vaut, en ce début de l’Avent, pour prendre un nouveau départ en Église, dans la conversion qui nous est demandée vers plus de transparence, de vérité, de respect de la dignité et de justice, de lire d’une traite le deuxième évangile. Surtout qu’il est le plus bref des quatre. C’est aussi le plus ancien, datant des années 70. Il est attribué par les traditions anciennes à Marc ou Jean-Marc, compagnon de l’apôtre Paul lors des premiers voyages de ce dernier. (Jean-)Marc a ensuite été le confident de l’apôtre Pierre à Rome. Le deuxième évangile a été écrit dans la capitale de l’Empire. Il a servi de source pour les deux autres synoptiques (Matthieu et Luc, à lire en regard les uns des autres, avec souvent les mêmes épisodes).
Marc a l’art d’aller à l’essentiel. Il commence son texte « sur les chapeaux de roues », sans évangile de l’enfance. Il en vient directement au cœur de la prédication en Galilée et à la proclamation par Jésus de la proximité du Royaume de Dieu (1, 14-15). On a l’impression qu’il est souvent pressé : il multiplie les « aussitôt » (cf. 1, 12.23.29). Parfois, au contraire, il s’attache à des détails pour accentuer l’incarnation de la Bonne Nouvelle : ainsi pour la description du démoniaque de Gérasa (5, 1-20).
Au tournant de sa construction, Marc situe la profession de foi de Pierre (8, 27-30) qui reconnaît en Jésus le Christ Messie. À partir de là, on pressent que l’affrontement avec les grands prêtres, les scribes et les anciens est inéluctable. Tout l’évangile est polarisé vers la révélation du Fils de Dieu, annoncé au premier verset (1, 1) et reconnu par un païen, le centurion romain, au pied de la croix : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! » (15, 39).
Le reste du temps plane le « secret messianique », typiquement marcien, par peur que les foules se méprennent sur la figure de Jésus et voient en lui surtout un libérateur politique ou un faiseur de miracles.
La double finale (16, 1-8, énigmatique avec la peur des femmes et 16, 9-20, avec les apparitions aux apôtres) ouvre largement la proclamation de l’Évangile à l’ensemble de l’humanité.
Quant au début du texte, il s’ouvre par un solennel : « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, fils de Dieu ». Marc annonce donc de suite la couleur : après la prédication de Jean-Baptiste (12-18), il narre en quelques brefs versets le baptême de Jésus (1, 9-11) et ses tentations au désert (1, 12-13).
Espérons que l’ensemble de l’Église, entre les deux synodes d’octobre 2023, tout juste achevé, et celui d’octobre 2024, s’ouvre à la Bonne Nouvelle de Dieu : « Le temps est accompli et le royaume de Dieu est tout proche. Repentons-nous et croyons à l’Évangile. » De quoi nous souhaiter : « Bonne année liturgique et synodale !