Bienvenido Benedicto XVI !

24 Février 2012 | par

En décembre dernier, Benoît XVI a fait part de son désir de se rendre au Mexique et à Cuba en ce mois de mars. Souvent accusé d’être trop « eurocentriste », le pape prouve donc, 5 ans après avoir visité le Brésil, qu’il est très attaché à l’Église sud-américaine, où se trouve la majorité des catholiques du monde.



Mexicains et Cubains peuvent se réjouir. Rarement Benoît XVI aura-t-il annoncé un voyage à l’étranger dans un contexte aussi grandiose que la messe qu’il a célébrée le 12 décembre dernier dans la basilique Saint-Pierre afin de marquer le bicentenaire de l’indépendance des pays latino-américains et caribéens. Ce jour-là, les autorités vaticanes avaient décidé de mettre le continent américain à l’honneur. C’est ainsi que le célèbre chœur de la Chapelle Sixtine, qui accompagne d’ordinaire les messes que préside le souverain pontife, s’était effacé pour laisser la place à un chœur « latino » qui a entonné à plusieurs reprises la Misa Criolla composée sur des thèmes populaires d’Amérique du Sud.

Durant l’homélie, Benoît XVI a officiellement annoncé qu’il entendait entreprendre un voyage apostolique au Mexique et à Cuba « afin d’y proclamer la parole du Christ et que s’y renforce la conviction que notre époque est un temps propice pour évangéliser avec une foi robuste, un espoir vif et une charité ardente ».

 

Mexique

Selon le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, la première étape de ce deuxième voyage du pape en Amérique latine renvoie irrésistiblement au souvenir de la visite de Jean-Paul II au Mexique en 1979 (voir encadré), même si le programme diffère légèrement. Par ce déplacement, Benoît XVI entend aussi donner une nouvelle impulsion dans la lutte contre la pauvreté et la violence au Mexique.

Le pape arrivera dans l’après-midi du 23 mars à l’aéroport de León, dans l’État de Guanajuato, où il sera accueilli par le président de la République, Felipe Calderón Hinojosa, et par les évêques mexicains. Le lendemain, Benoît XVI rejoindra la ville de Guanajuato, où aura lieu la rencontre officielle avec le chef d’État mexicain.

Le dimanche 25 mars, dans la matinée, le pape présidera une grande messe en présence des fidèles venus des 91 diocèses que compte le Mexique, dans le parc de la ville de Silao, au pied de la colline du Cubilete où se trouve le sanctuaire national du Christ-Roi. En visitant ce lieu situé symboliquement au centre géographique du Mexique, le pape entend ainsi embrasser spirituellement tout le pays.

 

Cuba

Cette île célèbre cette année un jubilé marquant les 400 ans de la découverte de la statue de Notre-Dame de la Charité du Cuivre, qui fait l’objet d’une grande dévotion nationale. Mais le voyage de Benoît XVI s’inscrit aussi dans la perspective de la « grande mission continentale d’évangélisation pour laquelle [il] souhaite mobiliser toute l’Église, notamment dans le cadre de la préparation de l’Année de la foi », explique le père Lombardi.

Benoît XVI arrivera à l’aéroport de Santiago le 26 mars en début d’après-

midi, où il sera accueilli par le président cubain Raúl Castro et par l’épiscopat cubain. Dans l’après-midi, Benoît XVI présidera une messe à Santiago, sur la place de la Révolution Antonio Maceo, là même où Jean-Paul II avait lui aussi célébré la messe en janvier 1998.

Dans la matinée du 27 mars, le pape effectuera une visite privée au sanctuaire de la Vierge de la charité, patronne de Cuba, avant de partir pour La Havane. L’après-midi sera marqué par la rencontre en privé entre Benoît XVI et le président Raúl Castro. Enfin, Benoît XVI célèbrera la messe sur la place de la Révolution José Martí dans la matinée du 28 mars, comme l’avait fait le pape polonais. 

 

Sur les traces de Jean-Paul II

En janvier 1979, trois mois à peine après son élection, Jean-Paul II effectue le premier des 104 voyages à l’étranger qu’il accomplira tout au long de son pontificat. Direction l’Amérique latine, dont l’épiscopat est alors réuni en assemblée générale. La priorité de l’Église dans ce continent de forte tradition catholique est de remédier aux graves déséquilibres sociaux  et à une situation politique tendue. Jean-Paul II visite successivement 3 pays : la République dominicaine, le Mexique et les Bahamas.

À Mexico, le pape reçoit un accueil triomphal. Celui qui vient de choisir comme devise Totus tuus sum ego visite le sanctuaire de Guadalupe pour s’agenouiller devant l’image de la Vierge à laquelle les Mexicains vouent un culte fervent. Par ce geste, le pape de 58 ans entend invoquer l’aide de la Vierge pour l’exercice de son pontificat et pour l’avenir de l’évangélisation en Amérique latine.

Près de 20 ans plus tard, en janvier 1998, le pape se rend pour la première et unique fois à Cuba. Il passe 5 jours sur l’île, l’un des derniers bastions du communisme dans le monde. Par ce déplacement, Jean-Paul II veut ouvrir Cuba au monde et que la communauté internationale fasse elle aussi preuve de plus d’ouverture envers le peuple cubain qui, depuis qu’il est gouverné par Fidel Castro, subit l’embargo économique, particulièrement de la part des États-Unis. À l’aéroport de La Havane, le Líder máximo attend le pape au pied de l’avion, lui serre la main en s’inclinant en signe de respect. Cette image fait le tour du monde, elle est le signe que le pape a su une nouvelle fois bousculer les équilibres géopolitiques. Dans la capitale, Jean-Paul II célèbre la messe sur la place de la Révolution José Martí devant des millions de pèlerins. Fidel Castro est au premier rang. Le pape fait aussi étape à Santiago pour visiter le sanctuaire de Notre-Dame de la Charité du Cuivre.

 

 

Aperçus

Le Mexique compte environ 110 millions d’habitants, dont 95 % de chrétiens. Les relations entre l’Église et l’État en sont d’autant plus difficiles, ce dernier cherchant à diminuer l’influence de l’Église catholique. En 2010, la Chambre des députés a approuvé un projet de réforme constitutionnelle qui confirme le caractère laïc de l’État mexicain. L’Église doit aussi affronter l’hostilité des narcotrafiquants, responsables de la mort de nombreux prêtres.

 

À Cuba, les restrictions à la liberté religieuse sont légion : surveillance, infiltrations, harcèlement des religieux et des laïcs, et utilisation abusive de mécanismes administratifs. On constate néanmoins depuis quelques années des avancées. En août 2009, des prêtres américains ont ainsi effectué une visite à Cuba. Le mois suivant, l’interdiction de célébrer des messes dans les prisons de Cuba a été levée. L’archevêque de La Havane, le cardinal Jaime Ortega, peut désormais diffuser pendant la nuit de Noël un message par la télévision d’État de Cuba.

Updated on 06 Octobre 2016