Benoît XVI en France

24 Juillet 2008 | par

A peine rentré de Sydney où il a participé avec les jeunes catholiques du monde entier aux XXIIIes Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), Benoît XVI s’apprête à repartir en voyage et en pèlerinage. Du 12 au 15 septembre, il sera à Paris et à Lourdes pour son premier voyage apostolique en France. « Il vient, comme pasteur de l’Eglise universelle, conforter l’Eglise de France et la foi des catholiques », affirme la Conférence des évêques de France. Benoît XVI, très fin connaisseur de la culture française et bon francophone, souhaite revitaliser en effet la foi des catholiques français. Sa visite s’inscrit, en cela, dans la lignée du discours de Jean-Paul II au Bourget en 1980 qui exhortait les fidèles : « France, fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » Bien que l’Eglise de France ait “l’habitude” de recevoir les souverains pontifes (Jean-Paul II était venu huit fois), cette visite est un événement pastoral, politique et diplomatique.





Visite de chef d’Etat

A sa sortie de l’avion, vendredi 12 septembre, Benoît XVI rencontrera le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, en retour de sa visite le 20 décembre dernier. L’entrevue est importante. On se souvient du discours du président de la République sur “la laïcité positive” à la basilique Saint-Jean de Latran. Quelques mois après son élection, il y avait réaffirmé sa conception des relations de l’Etat avec les religions : « Nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité parvenue à maturité » ; et de préciser par ailleurs que « la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d’affirmer ce qu’ils sont et ce en quoi ils croient ». Une conception qui rejoint celle du Pape qui demande aux catholiques de participer activement à la vie de la cité. Benoît XVI l’a d’ailleurs répété à Georges Bush lors de son voyage aux Etats-Unis le 16 avril dernier : « Dans un monde sans vérité, la liberté perd son propre fondement et une démocratie sans valeurs peut perdre son âme. » Cette entrevue entre les deux chefs d’Etat sera donc très attendue et très discutée, d’autant plus que la visite papale concorde avec la présidence française de l’Union européenne.



A la rencontre du monde de la culture

Après l’Elysée, le Pape délivrera un autre discours au monde de la culture, sous les voûtes gothiques du collège des Bernardins à Paris, le nouveau lieu de rencontres culturelles et universitaires du diocèse de Paris. Son discours sera retransmis sur écran géant dans le quartier latin. C’est Benoît XVI lui-même qui a souhaité s’adresser aux intellectuels et aux artistes. Un exercice dans lequel il est très à l’aise : il connaît bien la culture française et apprécie les grands théologiens français du XXe siècle : Henri de Lubac, Jean Daniélou, Louis Bouyer...

Sa légitimité dans le microcosme n’est plus à faire. En 1992, le cardinal Ratzinger, théologien francophile, est en effet élu, membre associé étranger de l’Académie des sciences morales et politiques en remplacement de Andreï Sakharov. Dans son discours de réception sous la Coupole, le 13 janvier 1992, le cardinal Ratzinger a abordé le thème de la liberté. Il a alors affirmé : « Pour une culture et une nation, se couper des grandes forces éthiques et religieuses de son histoire revient à se suicider. »

Le 12 septembre, il devrait revenir sur son sujet favori : l’articulation entre la foi, la culture et la raison. Pour la Conférence des évêques de France qui rappelle que « depuis son élection, le Pape s’est donné pour tâche d’aider l’homme contemporain à faire confiance aux capacités de sa raison et de s’ouvrir à la pleine dimension de l’être humain », ce discours sera un discours d’étape dans son pontificat.



Avec les jeunes

Pour achever cette journée chargée, il doit rencontrer les jeunes rassemblés sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, après les vêpres qu’il y aura célébrées. Depuis trois ans, déjouant les pronostics de certains, Benoît XVI accorde, comme son prédécesseur, une grande importance à la jeunesse. En de nombreuses occasions (JMJ, voyages apostoliques, audiences), il les invite à s’engager et à « être des témoins de l’Evangile. » En mai 2007 à São Paulo au Brésil, il les envoie « vers la grande mission d’évangéliser les jeunes garçons et les filles qui errent dans ce monde, comme des brebis sans pasteur. Soyez les apôtres des jeunes. »

Après le message du Pape, les jeunes continueront à méditer au cours d’une veillée de prière dans la cathédrale parisienne et alentours (via écrans géants) avant de participer, à minuit, au « chemin de lumière » qui les mènera en procession vers les Invalides.

Le lendemain, le Pape célébrera une grande messe sur l’esplanade des Invalides. Le diocèse de Paris attend 200 000 personnes. S’achèvera alors la première partie de son voyage.



Pèlerin à Lourdes

Second volet de sa visite : Lourdes les 13, 14 et 15 septembre. Il s’y rendra en tant que pèlerin pour participer au jubilé des 150 ans des apparitions mariales. Plusieurs centaines de milliers de pèlerins sont attendus dans le sanctuaire. Benoît XVI suivra le “chemin du jubilé” qui passe par l’église paroissiale de Lourdes, le “cachot”, la Grotte de Massabielle, et enfin, l’oratoire de l’hôpital de Lourdes. Il célébrera la messe dimanche et lundi et donnera également l’onction aux malades. Le soir, il viendra conclure la veillée mariale (samedi) et la procession eucharistique (dimanche).

Le jubilé de Lourdes est, à l’origine, la principale raison de la visite du Pape. Pour Benoît XVI, comme pour Jean-Paul II, la dévotion mariale occupe une place très importante. Depuis son élection en 2005, il visite les sanctuaires marials des régions où il passe lors de ses voyages : Notre-Dame de la Miséricorde à Savone (Italie, mai 2008), sanctuaire de Mariazell (Autriche, septembre 2007), sanctuaire d’Aparecida (Brésil, mai 2007)… A chaque fois, il encourage les fidèles à prier simplement la Vierge Marie.





Vérité du christianisme




« Au terme du second millénaire, le christianisme se trouve, précisément dans le domaine de son extension originelle, en Europe, dans une crise profonde, qui repose sur la crise de sa prétention à la vérité. Cette crise a une double dimension : tout d’abord se pose toujours plus la question de savoir s’il est juste, au fond, d’appliquer la notion de vérité à la religion, en d’autres termes s’il est donné à l’homme de connaître la vérité proprement dite sur Dieu et les choses divines. (…) Ce scepticisme à l’égard de la prétention à la vérité en matière de religion est encore étayé par les questions que la science moderne a soulevées vis-à-vis des origines et des objets de la sphère chrétienne. La théorie de l’évolution semble avoir surclassé la doctrine de la création. »



(Extrait du discours Vérité du christianisme de Josef Ratzinger. La Sorbonne, 27 novembre 1999.)




 

Updated on 06 Octobre 2016