Bangladesh : le pape François dans les pas de saint Antoine
C’est presque en précurseur du pape François, que saint Antoine s’est rendu lui aussi au Bangladesh. Ses reliques ont été apportées dans le pays en février 2017. L’idée de ce pèlerinage des reliques est venue de l’archevêque de Dacca, le cardinal Patrick D’Rozario. Il a tenu à préciser que la dévotion à saint Antoine est toujours très forte au Bangladesh qui « a hérité cet attachement des Portugais, venus ici au XVIe siècle. Aujourd’hui encore, parmi les chrétiens de toutes confessions, une profonde dévotion et un grand respect demeurent pour saint Antoine et pas seulement parce que les gens reçoivent de nombreuses grâces de Dieu par son intercession. L’amour pour saint Antoine est un amour authentique. »
En voyage avec saint Antoine
Début février 2017, les reliques de saint Antoine sont parties pour le Bangladesh. Le pèlerinage est passé par les villes de Dacca, Chittagong, Barisal, Mymensingh, Rajshahi et aussi par des petits villages. Partout, les prêtres, les évêques et les fidèles ont accueilli le Saint avec tous les honneurs et une joie immense. Une aide précieuse dans l’organisation de ce pèlerinage est arrivée du nonce apostolique, Mgr George Kocherry, et du secrétaire de la nonciature, le père Luca Marabese. La présence de l’ambassadeur du Saint-Siège a aussi été déterminante dans les questions bureaucratiques et pour favoriser les contacts avec les autorités.
La rencontre avec un ami
Dans ce pays frappé par les moussons, les fêtes en l’honneur de saint Antoine n’ont pas lieu en juin mais dans une période moins pluvieuse pour permettre aux pèlerins de se déplacer et de se rendre au sanctuaire national dédié au Saint des miracles, à Panjora, non loin de la capitale. C’est là que se trouve la première église du pays consacrée à saint Antoine, construite au XVIe siècle par les Portugais. Elle abrite une statuette minuscule et ancienne du saint thaumaturge, vénérée par la population. Les 2 et 3 février 2017, 70 000 personnes sont venues prier devant les reliques de saint Antoine. Des femmes dans leurs saris colorés, des religieuses, des hommes, des jeunes… des catholiques, bien sûr, mais aussi des hindous et des musulmans !
Mgr Francis, évêque auxiliaire de Dacca, a partagé avec les journalistes de AsiaNews son émerveillement face à l’ampleur de cet évènement : « Nous sommes étonnés de voir à quel point les gens ont du respect pour saint Antoine. Des milliers de personnes arrivent ici pour voir les reliques. Ils font une heure de queue et, lorsqu’ils arrivent enfin devant le Saint, ils sont émus aux larmes et prient pour qu’il intercède pour eux. »
La pauvreté ne freine pas l’accueil
Après quelques jours au sanctuaire et dans la capitale, le pèlerinage s’est poursuivi dans des cathédrales bondées, des monastères de Clarisses, des paroisses, des villages ruraux. Malgré la pauvreté des gens, l’hospitalité orientale et la sincère dévotion des chrétiens ont permis que des foules remplissent les églises à chaque fois que les reliques arrivaient. De nombreux pèlerins ont parcouru des kilomètres à pied et les paroissiens leur offraient un lieu pour se reposer, de la nourriture et de l’eau.
Ce pèlerinage a permis la rencontre de saint Antoine avec des fidèles qui jamais n’auraient pu se permettre de venir à Padoue pour prier devant son tombeau. Une fois de plus, saint Antoine s’est révélé un vrai missionnaire qui n’a de cesse de parcourir les rues du monde.
La joie d’être chrétien
Au Bangladesh, l’Église catholique est minoritaire (1 %). Cependant, selon le cardinal D’Rozario, elle reste une force. Il est convaincu que le pape François partage son point de vue : « Je pense que l’Église sera toujours minoritaire, un petit troupeau disait Jésus. Quand nous devenons majoritaires, nous risquons de perdre les valeurs de l’Évangile. Les chrétiens doivent être le sel de la terre. Mais un bol de riz n’a pas besoin d’un kilo de sel pour être savoureux, il n’en suffit que de quelques grains. L’Église au Bangladesh est comme ça. Le Pape est venu ici pour tous, pas que pour les chrétiens. Il est considéré comme la voix de la conscience du monde et les gens le respectent. Sa personnalité dépasse les frontières des nations, des cultures, des religions. » Mgr D’Rozario est le premier cardinal d’origine bengali. C’est le pape François qui lui a donné la pourpre pour exprimer son désir de voir avancer les Églises les plus éloignées des centres de pouvoir.
Le Pape a décidé de visiter le pays en novembre dernier pour redonner de l’espoir à ces populations victimes des changements climatiques et de l’exploitation des « esclaves modernes » qui travaillent pour l’industrie textile.
Sans oublier l’engagement pour un dialogue interreligieux. Le cardinal D’Rozario reconnaît qu’au Bangladesh l’harmonie entre les diverses confessions est assez bonne, mais il admet aussi que les chrétiens ont des difficultés à annoncer librement le Christ. Il ne cache pas non plus que les musulmans qui souhaitent se convertir risquent l’exclusion sociale. Il explique que « ces personnes redoutent d’être éloignées de leurs familles, de leurs amis. Toutefois, la conversion est un don de Dieu et le nombre de conversions augmente ici, bien que de nombreux chrétiens quittent le pays en quête d’un avenir meilleur. »