Au-delà du handicap

22 Octobre 2012 | par

Handicapée moteur de naissance, Marie-Caroline Schurr a pourtant toujours vécu dans le « milieu ordinaire ». « Je n’ai jamais été scolarisée ou fait quoi que ce soit avec d’autres personnes handicapées. » Aujourd’hui, à 27 ans, elle est même professeur d’anglais dans un lycée de région parisienne. Une vie « ordinaire » qui est une véritable lutte.

« La dépendance est une bataille en elle-même. Ensuite dans la vie quotidienne, pour avoir une vie aussi “normale” que possible, une vie sociale, c’est tout le temps une bataille. Pas dans le mauvais sens mais parce que c’est l’aspect pratique, matériel, qui prend le dessus. Et puis déjà quand deux personnes ne se connaissent pas, il faut faire un effort pour aller vers l’autre, alors quand l’une des deux a un handicap visible… C’est vrai que tout est compliqué, mais la vie est tellement belle qu’il faut la vivre à 100 %, avec le Christ et avec les autres ! »

Cette force, elle la tient de ses parents, de Lourdes et de l’OCH. « J’ai la chance d’avoir grandie dans la foi depuis que je suis enfant. J’avais un frère aîné qui avait aussi un handicap. On allait à Lourdes avec mes parents. Ça faisait partie de notre vie de foi familiale. »

Et puis, à 14 ans, Marie-Caroline participe avec des amis au Pèlerinage National du mois d’août. « C’est là que j’ai découvert ce que Lourdes pouvait m’apporter dans ma vie quotidienne et dans l’accueil de mon handicap. C’est un endroit où vous êtes pleinement accueillie telle que vous êtes. Il y a une bienveillance assez extraordinaire et frappante. »

Depuis, Marie-Caroline n’a pas raté un seul Pèlerinage National. Il y a sept ans, au cours de l’un d’eux, elle découvre la présence d’une permanence de l’OCH - Office Chrétien des personnes Handicapées - dans les sanctuaires. « C’est Martine Guénard, alors présidente de la permanence, qui m’a accueillie. Elle ne me connaissait pas et je ne la connaissais pas. Et pourtant je me suis sentie aimée telle que j’étais. »

Une rencontre tellement forte que Marie-Caroline reviendra tous les ans. Elle témoignera même de ce qu’est le handicap, avant de s’engager comme bénévole à la demande des présidentes de l’époque, et d’accueillir à son tour les pèlerins. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ça a changé mon regard sur le handicap, de manière assez forte. J’ai appris à chasser mes peurs. En fait je ressens à l’OCH une joie inexprimable qui vient certainement de Dieu, de Notre Dame de Lourdes, de l’autre. Ce n’est pas une personne qui accueille l’autre mais vraiment deux personnes qui apprennent à s’accueillir. Ce n’est pas l’un qui donne et l’autre qui reçoit, une relation fort-faible. Ce n’est pas parce que l’on est bénévole que l’on est meilleur que les autres.

À l’OCH comme à Lourdes, on est tellement aimé tel que l’on est que j’en oublie complètement le handicap. C’est vraiment le sanctuaire de la confiance en Dieu et en la beauté de la vie malgré les difficultés. C’est une école de Vie. Quand vous accueillez votre vie telle qu’elle est, vous pouvez construire la Vie. Ce n’est pas facile, le combat reste là, mais ça donne des ailes, des forces pour vivre sa vie lorsque l’on rentre chez soi. Finalement en s’accueillant, on s’aide les uns les autres à construire nos vies. »       

 

« Elle me regardait comme une personne »

« La permanence de l’OCH à Lourdes est un lieu d’accueil, d’échanges, où l’on peut parler sans se sentir jugé. Il y a toujours une oreille attentive. Destinée aux individuels comme aux groupes, elle propose un café, un moment d’amitié, une écoute, un soutien personnalisé, mais aussi des conseils matériels comme spirituels pour organiser au mieux son pèlerinage à Lourdes en fonction des handicaps. C’est aussi le prêt de fauteuils roulants, une maquette tactile des Sanctuaires et surtout des témoignages de personnes handicapées et une formation à l’approche des personnes handicapées. Autour de deux permanentes et d’une équipe locale de 13 personnes, pas moins de 80 bénévoles, valides ou porteurs d’un handicap, se relaient toute l’année. Une aventure qui dure depuis 1972. La permanence a ainsi fêté ses 40 ans le 21 août par une journée d’action de grâce et de fête. Car c’est ça aussi l’OCH, un lieu où l’on vit la vie et où l’on fait la fête ! »

 


Updated on 06 Octobre 2016