Au-delà des étoiles

Face à la déstabilisante déferlante de modernité de la fin du XIXe siècle, nombre d’artistes cherchent dans la nature des réponses à leur quête spirituelle. Leurs paysages deviennent les lieux d’expression d’une réalité intérieure.
29 Juin 2017 | par

Qui n’a pas fait l’expérience, au moins une fois, d’une communion avec la nature et éprouvé alors un sentiment mystique ? À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le progrès avec son cortège de machines bouleverse les habitudes. Face à cette déstabilisante déferlante de modernité, nombre d’artistes cherchent dans la nature des réponses à leur quête spirituelle. Leurs paysages deviennent les lieux d’expression d’une réalité intérieure : les couleurs y flamboient, les formes s’épurent, la lumière ou la nuit deviennent des acteurs clés.

La quête de la lumière
Les séries de Monet consacrées à la cathédrale de Rouen et aux meules de foin accueillent le visiteur. L’éclairage diffère en fonction des moments de la journée. Ces études de la lumière peuvent être vues comme une métaphore du passage de la vie, une façon de capturer l’existence qui change et qui s’écoule inexorablement. Si la lumière est au centre des recherches de Monet, Van Gogh est comme hanté par les effets de la nuit, qu’il trouve plus beaux encore que ceux du jour. Il cherche à peindre la lumière de la nuit, celle des étoiles et aussi de la ville. Sa recherche est picturale, mais elle représente aussi sa recherche de réponses spirituelles. Il disait : « J’ai un besoin terrible de religion, alors je vais la nuit dehors pour peindre les étoiles ».

Le « bois sacré »
Les peintres choisis pour cette exposition semblent touchés par une inspiration divine. Le parcours fait d’ailleurs la part belle au mouvement artistique post-impressionniste d’avant-garde initié par Maurice Denis et Paul Sérusier qui s’est autoproclamé Nabis, ce qui peut être traduit par « illuminé » ou encore « celui qui reçoit les paroles de l’au-delà ». Le thème du « bois sacré », adopté par Paul Gauguin et les peintres Nabis lors de leurs séjours à Pont-Aven, est l’un des exemples les plus significatifs d’une interprétation symboliste, profondément spirituelle, du paysage. Celle-ci trouve ses origines dans le poème Correspondances de Charles Baudelaire, qui assimile la nature à un temple et la vie humaine à un chemin à travers « une forêt de symboles ». Les arbres sont ainsi vus comme des piliers qui relient le monde matériel à une réalité supérieure. Investi par l’invisible et le surnaturel, le bois peut également devenir le lieu où se manifestent des visions religieuses, comme dans La Lutte de Jacob avec l’Ange de Maurice Denis.
L’exposition affiche également des noms de peintres moins célèbres, comme le Canadien Tom Thomson ou le Suédois August Strindberg, célèbre dramaturge mais peintre méconnu, à qui l’on doit un sidérant tableau double face, Vague, qui frise l’abstraction. Une des salles les plus inspirées est celle consacrée aux paysages astraux. Au sommet de l’expérience, il y a le Norvégien Edvard Munch. Vers 1910-13, il prend pour sujet principal le soleil, présenté comme une boule de feu qui éclabousse ce qui reste visible du paysage. Ainsi, tout au long de cette exposition, les visions symboliques, abstraites, naturalistes se côtoient pour nous rappeler à notre condition d’homme, tout petit face à cette immensité de l’univers.

Autres Expositions

Fernand Léger : le beau est partout
L’exposition met en lumière les recherches inlassables de Fernand Léger pour réinventer la peinture en la faisant sortir du cadre. Elle explore les liens qu’il entretient tout au long de sa carrière avec la poésie, le cinéma, mais aussi l’architecture, le cirque et le spectacle vivant, à travers ses multiples collaborations artistiques.
Une centaine d’œuvres majeures sont réunies pour l’occasion.
Centre Pompidou-Metz, jusqu’au 30 octobre.
1, parvis des Droits-de-l’Homme
57000 Metz  
Tél : +33 (0)3 87 15 39 39

Pissarro, le premier des impressionnistes
Quelque 75 peintures et tempéras retracent l’œuvre de Camille Pissarro, de sa jeunesse dans les Antilles danoises jusqu’aux grandes séries urbaines de Paris, Rouen et Le Havre. Considéré par Cézanne comme « le premier des impressionnistes », Pissarro est l’un des fondateurs
de ce groupe. Compagnon et ami fidèle de Monet, maître de Cézanne et de Gauguin, inspirateur de Seurat, défenseur de Signac, Pissarro est
un artiste majeur et incontournable.
Musée Marmottan, jusqu’au 2 juillet
2 rue Louis-Boilly
Paris 16e
Tél. : +33 (0)1 44 96 50 33

 

Updated on 29 Juin 2017
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