La modération
La Parole de Dieu
Un homme riche avait un gérant qui... gaspillait ses biens...
Faisant venir un à un les débiteurs de son maître, il dit au premier : « Combien dois-tu à mon maître ? » – « Cent barils d’huile », lui dit-il. Il lui dit : « Prends ton billet, assieds-toi et écris vite cinquante. » Puis
il dit à un autre : « Et toi, combien dois-tu ? » – « Cent mesures de blé », dit-il. Il lui dit : « Prends ton billet, et écris quatre-vingts. »
Et le maître loua cet intendant malhonnête d’avoir agi de façon habile.... car les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière (Lc 16, 5-8).
La parole de saint Antoine
Au sens moral, les cent barils d’huile signifient l’amour de Dieu ; les cent mesures de blé, l’amour du prochain.
L’huile et l’amour de Dieu. La raison pour laquelle l’huile est le symbole de l’amour de Dieu est qu’il surnage au-dessus de tous liquides. Dans une matière grasse, il n’y a ni eau ni terre, mais de l’air et cet air la soulève. De même, l’amour de Dieu doit surnager au-dessus de tout autre amour. Qui a-t-il, en effet, de plus précieux que l’amour ? Qui a-t-il de plus désirable ? On ne peut lui comparer ni les richesses ni la gloire. Il ne doit rien avoir de charnel ni de terrestre, mais uniquement la pureté de l’esprit et une manière de vivre céleste Heureuse l’âme qui possède cet amour, sa vie pure la soulève.
Les cent barils d’huile signifient la haute perfection de l’amour. Mais puisque nous sommes pécheurs et ne pouvons parvenir à cette perfection l’Eglise nous dit : prends ton billet, c’est-à-dire prépare ta vie dans la pénitence pour atteindre cet amour.
Le blé et l’amour du prochain. Les cent mesures de blé désignent la perfection de l’amour du prochain. L’Eglise dit donc au pécheur : “Jusqu’à quel point dois-tu aimer ton prochain selon Dieu ?” Il répond : “Je dois aimer l’ami et l’ennemi, et si nécessaire, je dois donner ma vie pour lui. Mais l’Eglise lui dit : “ Puisque tu n’es pas encore capable de donner ta vie pour ton frère, prépare le chemin qui conduit ton esprit vers cet amour : instruis-le s’il est dans l’erreur ; restaure-le pour qu’il ne défaille en chemin.
Pour aller plus loin
Cette parabole est riche de suggestions : dans ce même numéro, elle fait l’objet d’une explication, d’un commentaire sur l’usage de l’argent et d’une application à l’amour de Dieu et du prochain.
L’occasion est offerte par la qualité et la quantité des produits gaspillés par l’administrateur malhonnête : l’huile représente l’amour de Dieu ; le blé, l’amour du prochain ; la quantité, la perfection de ce double amour. Mais cette perfection est telle qu’elle dépasse les limites humaines : qui peut vraiment aimer Dieu plus que tout autre amour ? Qui peut aimer ses frères au point de donner sa vie pour eux ? C’est possible, mais extrêmement rare !
En fait, dit Antoine, nous sommes pécheurs et nous ne pouvons parvenir à cette perfection... nous ne sommes pas capables de donner notre vie pour nos frères ; alors, l’Eglise, ceux qui ont la responsabilité de conseiller ce qui est vraiment possible : un chemin de conversion qui nous rapprochera progressivement de Dieu ; et, en ce qui concerne le prochain, un secours spirituel toujours nécessaire pour le maintenir dans la vérité et une aide matérielle pour subvenir à ses besoins.
Antoine est un homme pratique : entre la paresse qui refuse tout effort et la perfection, impossible, il préfère la modération, la vraie, sans faux-fuyants.