Le sens de la fête

01 Janvier 1900 | par

Nouvelle rencontre pour ce groupe de jeunes à l’aumônerie qui envisage une fête pour Noël. Ils en parlent. « Pour que notre fête soit réussie, dit Paul, il faut des invités. Notre invitation doit être sympa et donner envie de venir... surtout qu'on est catalogué aumônerie-catho.
– A nous de faire une bonne publicité autour de nous, ajoute Aline. Il faudra expliquer ce que nous voulons faire. »
Puis, Jean, l'animateur, prend la parole : « Avant d’aller plus loin, voyons si l'Evangile évoque la fête, les invités, etc. » Les jeunes se regardent étonnés. Ils se sentent arrêtés dans leur élan, puis Karine rétorque : « Nous étions bien partis, parlant des invités. C'est une fête ouverte à tous les copains du collège, pas seulement entre nous.
– Tout à fait d'accord, reprend Jean. Cela empêche-t-il de regarder dans l'Evangile s'il y a des fêtes ? »

L'évangile, la fête
« La plus grande fête pour les chrétiens, dit Jean, c'est Pâques. Mais je vous concède que pour beaucoup c'est Noël. A votre avis, pourquoi ?
– Noël, cela est davantage autour des enfants. Sans doute parce que l'on célèbre une naissance. C'est un moment heureux pour toute une famille, un bébé qui vient au monde, assure Marine. Pâques... ?
– Pourtant s'il n'y avait pas Pâques, je ne serais pas avec vous. Pâques m'annonce la résurrection à laquelle je participerai parce que je suis baptisée dans la mort et la résurrection de Jésus : c'est ce que je crois, proclame Jean. Mais c'est vrai, il n'y a pas une fête familiale à Pâques semblable à celle de Noël, même chez moi.
– Pâques c'est plus religieux. Noël, tout le monde, le fête à sa manière, dit Aurélien. C'est les cadeaux, la fête.
– Revenons à l’Evangile, dit Jean, quelque peu obstiné aux yeux des jeunes. Vous souvenez-vous d’une fête ?
– Le mariage, celui où Jésus a changé l'eau en vin, dit Pierre. Et aussi lorsque le fils revient et que le père donne une fête en tuant le veau gras, ajoute-t-il. C'est tout.
– Arrêtons-nous à ces deux textes, propose Jean. Cherchons les signes de la fête. Cela nous guidera ensuite.
– Dans le premier passage, il y a des invités, les gens sont dans la joie, puisque c'est un mariage, dit Marine. On peut supposer également qu'ils ont mis des habits de fête, qu’ils ont apporté des cadeaux. C'est une fête courante.
– Dans le second texte, poursuit Yves, il y a le père qui organise la fête pour le retour de son fils ; rien n'est trop beau pour marquer sa joie de son retour. »
Jean essaye ensuite de faire une synthèse des éléments qui lui semblent important de faire ressortir pour les jeunes.

Le sens de la fête
« Il me semble, dit-il, que les personnes provoquant ces deux fêtes partagent leur bonheur, leur joie. La fête prend du sens si elle est tournée vers les autres, à l'occasion d'un événement. C'est peut-être cela le sens premier de la fête pour nous, chrétien : partager des moments heureux avec des amis, des copains, des gens...
– Faire la fête pour la fête, cela n'a donc pas de sens ?
– Pour moi, non, répond Jean à Paul.
– On est donc dans le vrai avec les idées évoquées tout à l'heure : la joie de Noël à partager avec les copains...
– Comment Noël te rend-il heureux ? » demande Jean.
Personne ne s'attendait à cette question. Puis Marine dit : « C'est la naissance de Jésus. Je crois qu'il est vraiment le Christ. C'est pour moi une bonne nouvelle à fêter avec d'autres. Mais je ne pense pas tout de suite à ce sens profond et les autres non plus. Faut-il le leur dire ?
– Faire la fête pour Noël, c'est pas faire de la catéchèse ni de la théologie, s'exclame Aurélien.
– Non, sans doute, conclue Jean, mais il est bon de réfléchir entre nous pour que vous construisiez votre fête et quelle ait du sens. Essayez de quitter une réalité du monde difficile à vivre pour organiser ce moment où chacun se sentira à l'aise, heureux de rencontrer les autres, d'échanger, de rire, de chanter, de danser. Faites parler les murs, mettez des éléments significatifs de Noël en plus des éternelles guirlandes lumineuses... Allez ! A vous de jouer !

Coupe

Vocabulaire religieux

Ce mot évoque la fête avec l'image d'une savoureuse coupe de champagne pour célébrer la fin de l'année, par exemple, ou encore les championnats sportifs. Coupe, du latin cuppa est un verre, mais pas n'importe lequel : très limpide, sonore, plus large que profond, agréable à regarder et à prendre en main surtout lorsqu'il est en cristal de Baccarat. Dans l'esprit de nos contemporains, la coupe a davantage un usage domestique comme c'était le cas chez les Romains. Il s'agissait d'un vase dans lequel ceux-ci buvaient et qui pouvait être de formes variées et en divers matériaux, comme l'or ou l'argent.

Les expressions « la coupe est pleine ! », ou « boire la coupe jusqu’à la lie » sont souvent employées, et l'on en comprend le sens : si la coupe est pleine pour une personne, cela signifie que celle-ci ne peut supporter davantage d'épreuves, de problèmes, de soucis en tous genres. Il n'est plus question dans ce cas de joie ni de champagne. Quant à boire la coupe jusqu’à la lie, il faut bien entendu déjà savoir ce qu'est la lie. Il s'agit du dépôt qui se forme dans un liquide comme le vin ou le vinaigre et tombe au fond de la bouteille. Cette expression, qui rejoint la précédente dans sa notion de souffrance au bout de laquelle on va, a une résonance religieuse: dans ce cas la coupe est remplacée par le calice qui est le même genre d'objet.

Ainsi dans l'Evangile, on peut lire, lorsque Jésus est au Jardin des Oliviers, au cours de son agonie : « Mon Père, dit-il (Jésus), si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » (Mt 26,42). C’est la traduction de la Bible de Jérusalem ; dans d'autres traductions, on trouve calice, ce qui est juste car en liturgie, on parle de calice. Celui-ci fait partie des vases sacrés – appelés aussi vases liturgiques – et sert pour le culte chrétien, notamment pour la consécration du vin qui va devenir le sang du Christ.

Si l'on revient à l'image de la coupe est pleine, cela indique qu'il va y avoir une réaction, par analogie avec l'image des coupes de l'Apocalypse, texte qui rapporte la vision de saint Jean en exil sur l’île de Patmos. Cette coupe pleine est le symbole du châtiment que Dieu répandra sur la terre pour punir les idolâtres au jour du Jugement : « L'un des quatre Vivants remit aux sept Anges sept coupes en or remplies de la colère du Dieu qui vit pour les siècles des siècles. (Ap 15, 7). Et aussi : « Allez, répandez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu » (ibid. 16,1).

Plus couramment, nous pensons à la coupe en signifiant que nous n'en pouvons plus des épreuves de toutes sortes, que nous allons réagir, peut-être même avec violence. Nous en avons ras le bol, comme disent les jeunes. Cette expression familière vient peut-être de là?

Updated on 06 Octobre 2016