Vie de l’Eglise - Les laïcs en Eglise - Qui sont-ils ? Que font-ils ?
Le Puy-en-Velay est un diocèse rural d’environ 209 000 habitants, qui a gardé une structure ecclésiale assez stable. Peu de tensions entre les différentes sensibilités chrétiennes, même si une barrière naturelle existe entre l’Est (plus industriel) et l’Ouest (plus rural) du département de la Haute-Loire, qui influe sur la vie même du diocèse.
Les paroisses ne sont pas encore restructurées, mais le seront dans un proche avenir, apportant pour tous une meilleure coordination : « A ce moment-là, par exemple, souligne Bernard Garnier, responsable de la musique et des chorales, un répertoire de chants communs pourra aider les nouvelles paroisses à mieux prier ensemble. »
Le diocèse compte aussi différents lieux de pèlerinages, dont celui de la Vierge noire vénérée en la cathédrale du Puy, un des plus anciens de la chrétienté. Cette tradition de culte populaire s’allie d’ailleurs à des prises de responsabilités de la part des laïcs au sein des différents services : catéchèse, liturgie, chorales et… art floral, pour n’en citer que quelques-uns.
« Les laïcs n’hésitent pas à donner de leur temps, de
leur énergie et de leurs compétences pour aider le prêtre.
Sans eux, nous ne pourrions tout assumer… »
Catéchèse : « Je reçois davantage que je ne donne »
Pour Murielle Guillemot, l’engagement au service de la catéchèse répond à un appel et à une urgence : « Au départ, je voulais surtout que mes enfants puissent connaître un autre catéchisme que celui que j’ai connu, trop rigide à mes yeux. Le prêtre de ma paroisse m’a incitée à prendre moi-même des responsabilités au sein de la catéchèse. » Un engagement lourd, qu’elle ne regrette pas : « Je reçois davantage que je ne donne. Tout simplement, je peux témoigner, dans le cadre de mes responsabilités catéchétiques, de Dieu qui vit en moi, et c’est là l’essentiel. »
Musique et chorales : donner des repères stables
« Trois raisons m’ont conduit à accepter la responsabilité du service musique, chants et chorales liturgiques, explique Bernard Garnier. J’étais déjà engagé dans la paroisse, dans le chant et la liturgie. Je suis un jeune retraité, je dispose donc davantage de temps libre. Enfin, je connais la plupart des prêtres de mon diocèse et les apprécie. Et je suis membre de la Commission d’Art sacré. »
A la question : comment se déroule la préparation des messes ? Il répond : « Il y a autant de cas de figures que de paroisses. Pour ma part, toutes les six semaines, je fais une grille pour les chants. Chaque temps liturgique – l’Avent, Noël, le Carême, Pâques - est marqué par un chant phare. Ainsi, le chant d’entrée reste le même pendant tout ce temps liturgique.»
Et les répertoires ? « Ils varient, dit-il, selon les paroisses : plus traditionnels pour les paroisses rurales ; plus récents pour les autres. Pendant les vacances, on revient à des chants connus de tous, pour ne pas trop désorienter. Mais, là encore, c’est très variable. Ce qui est important, c’est de donner des repères stables. Pour moi, le chant structure la liturgie, bien qu’elle n’en soit qu’une composante. »
Et à propos des chorales, il précise :« Je reviens du Congrès Ancoli (Association nationale des chorales liturgiques) qui a eu lieu à Lourdes. Nous étions 180 du diocèse : un chiffre important, pour un petit diocèse comme le nôtre… L’élan vient surtout de l’église cathédrale, qui possède une maîtrise de qualité, avec un chœur d’hommes et un chœur de femmes remarquables. Celui qui dirige cette maîtrise a travaillé avant à Notre-Dame de Paris. »
Art sacré : des restaurations réussies
Au Puy-en-Velay, une Commission d’Art sacré regroupe des personnes compétentes au niveau artistique, notamment en sculpture et architecture religieuse. Elle a un rôle consultatif pour la conservation et la restauration de l’église, mais s’occupe également du fonctionnement liturgique de l’église – décor, ornement, et art sacré général... – et donne son avis quand des travaux sont envisagés, car, souligne le Père Georges Bonnet, responsable diocésain de ce service, « La liturgie ne se célèbre pas n’importe où. »
Une des dernières réalisations réussies : la petite église de Tiranges, près de Saint-Pal-en Chalencon et Craponne, en Haute-Loire. Le bâtiment d’origine avait été terriblement remanié au cours des âges et ressemblait davantage à un entrepôt qu’à une église. C’est le sculpteur Dominique Kaeppelin, très connu ainsi que son père, qui a transformé ce local en église. « C’est vraiment une œuvre voulue par le conseil paroissial, grâce, aussi, à la disponibilité des villageois et à la générosité financière de la municipalité », souligne le père Jean Ferrapy, curé de la paroisse.
« J’aime les fleurs et les bouquets… »
Le diocèse du Puy a été l’un des premiers de France à s’intéresser, dès 1983, à l’art floral liturgique : ce n’est, en effet, qu’en 1990 que cet art a été reconnu officiellement par Mgr Moutel, ancien évêque de Nevers, responsable de la pastorale sacramentelle et liturgique à l’époque. « J’aime les fleurs et les bouquets, nous dit Christiane Descours, qui a pris la suite, en octobre dernier, de Sœur Marie-Dominique Dupuy, en tant que responsable de ce service diocésain. Les fidèles y lisent ce qu’ils veulent. Notre rôle, c’est de les amener à la Beauté et à la Vérité. »
Christiane Descours a commencé de s’investir dans ce service, il y a sept ans, tut en restant membre de l’équipe liturgique : « Il est essentiel pour moi de faire partie des équipes d’art floral et de liturgie. L’art floral s’intègre dans la liturgie. Une de mes amies décédées aujourd’hui me disait souvent : l’art floral, c’est pour la plus grande gloire de Dieu »… et un chemin pour aller « du visible, le bouquet, à l’invisible : Dieu » résume Sr Marie-Dominique Dupuy.
« Mon rôle : coordonner les équipes »
« Les volontaires laïcs sont des gens du crû, explique le Père Daniel Savelon, curé de Vorey, en sa qualité de responsable diocésain de la liturgie. Ils n’hésitent pas à donner de leur temps, de leur énergie et de leurs compétences pour aider le prêtre. Sans eux, nous ne pourrions tout assumer…» Quant au rôle du responsable, comme le définit lui-même le Père Savelon, il consiste « à coordonner les différentes équipes de laïcs et à les former sur place, principalement pour la préparation des messes, des baptêmes et des confirmations. Il est essentiel que le curé soit ouvert à la liturgie et permette aux animateurs des messes de bien comprendre tout le déroulement de la célébration, son sens profond… Nous sommes très soucieux de suivre le missel romain... »
Et pour les mariages et les funérailles ? « Ce sont les Centres de Préparation au Mariage qui s’occupent des jeunes. Quant à la pastorale des funérailles, les fidèles de notre diocèse ont encore peur de s’en charger. Ils restent attachés à la messe d’enterrement et préfèrent que ce soit le curé qui s’occupe de l’ensemble de cette Pastorale. »
Vocation de baptisé…
Tous ces laïcs, d’ailleurs, ont conscience que leur mission découle de leur baptême, même si elle répond, de nos jours, à une urgence : « Aujourd’hui, par mon engagement, précise Murielle Guillemot, j’ai vraiment conscience que cette mission répond à la fois à ma vocation de baptisée et à l’urgence d’aider les prêtres, qui se raréfient. » Une mission qui s’enracine dans une vie sans cesse ressourcée en Jésus Christ : « Lorsque je prépare les lectures et la prière universelle pour la messe dominicale, affirme Jean Drevet, animateur paroissial pour le secteur de Vorey, je demande à l’Esprit Saint de m’éclairer et de m’aider, pour qu’Il lise à travers moi. Mon engagement s’enracine dans une vie de prière et de foi. Sans ce ressourcement, toute activité au service de l’Eglise serait vaine, stérile. »
… et formation
Un ressourcement qui va de pair avec une formation solide. Elle se révèle essentielle pour l’ensemble des services pastoraux, même si elle n’est pas toujours obligatoire. Ainsi pour les responsables et les membres de la pastorale de la musique, des chorales et des chants liturgiques : « Les formations, les rassemblements donnent aux choristes l’occasion de communier dans la même ferveur chantante, de puiser le dynamisme nécessaire pour continuer la mission », reconnaît Bernard Garnier.
Par ailleurs, deux types de formation sont proposées aux équipes d’art floral liturgique : des congrès nationaux dispensés par le Centre National de Pastorale Liturgique et des sessions régionales que suivent les animatrices de la région apostolique Centre Est. « Il est essentiel que ces formations locales se déroulent dans le silence et la prière pour que chaque participant puisse intérioriser la Parole et se tourner vers Dieu », souligne Sœur Marie-Dominique Dupuy.
Dans l’équipe d’Art sacré, les membres ont, pour la plupart, des connaissances solides dans le domaine artistique : « La formation au sein de notre Commission n’est pas obligatoire, ajoute Michel Ramousse, mais les Congrès annuels de notre région apostolique Centre Est nous permettent de parfaire nos connaissances. Ainsi, les responsables et quelques membres peuvent se retrouver, échanger sur les réalisations d’Art sacré dans leur diocèse, suivre des exposés sur la liturgie, sur l’art... »
La formation des laïcs apparaît donc bien comme une tâche prioritaire pour l’Eglise d’aujourd’hui, dans une perspective d’évangélisation, maintes fois rappelée par Jean-Paul II.« Aujourd’hui plus que jamais, rappelait-il au Congrès mondial des laïcs en novembre 2000, votre apostolat est indispensable afin que l’Evangile soit lumière, sel et levain d’une nouvelle humanité. »
Quelques textes |
fondamentaux : - Vatican II : Décret sur l’apostolat des laïcs (18 novembre 1965). |