Que la paix soit dans tes murs, Jérusalem
A ce souhait du pèlerin qui s’achemine vers la Maison du Seigneur qui est à Jérusalem (cf. Ps 121,7), fait écho le chant des anges au-dessus de la grotte de Bethléem : Paix sur terre aux hommes que Dieu aime (Lc 2,14), et saint Paul disant : Le Christ, c’est lui notre paix ; par son sang, il a détruit la haine… (cf. Eph 2,13-14). Pourquoi, donc, ce lieu où la Paix même est descendue sur notre terre a-t-il pu devenir un lieu de conflit et de sang ? Serait-ce que les religions qui y cohabitent deviendraient, par je ne sais quelle complicité avec les pouvoirs et l’argent, des graines de violence ? En fait, dans ce monde où les conflits font partie de notre lot quotidien – au sein des familles, dans nos rues, dans les quartiers à risque, entre groupes politiques, entre organisations internationales, à l’intérieur des pays ou entre continents – la paix ne va pas sans un réel effort de justice et de sincère bonne volonté. La justice. « La paix est l’œuvre de la justice », écrit Isaïe (32, 17). Emile Shoufani, le curé de Nazareth que nous avons cité récemment dans nos pages, souligne que « la question israélo-palestinienne est fondamentalement un problème de justice… Ce conflit n’est pas une guerre de religion, c’est une affaire d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards. Nous avons à traiter de façon responsable ces problèmes humains pour que tous puissent vivre dignement… » (cf. Comme un veilleur attend la paix, Albin Michel). Et la justice est, elle-même, œuvre d’amour, d’attention à l’autre, d’effort pour résoudre ses problèmes, alors que la violence ne fait que les attiser… C’est dans ces conditions seulement que « justice et paix s’embrassent » (cf. Ps 84, 11). Une sincère bonne volonté. Dans les Béatitudes, Jésus, prince de la paix, déclare heureux les artisans de paix. Et le cardinal Martini de commenter : « Jésus ne parle pas de ceux que l’on appelle communément pacifiques… il parle de ceux qui se mettent au service de la paix, qui acceptent le dialogue comme voie et instrument de la paix », ceux qui s’engagent, en somme, pour apaiser les discordes et faire disparaître les causes de conflits (Les Béatitudes, Saint-Augustin). A titre privilégié, nous rencontrons cet engagement courageux dans l’action de saint Antoine, vrai artisan de paix entre les familles et les cités de son temps. Faut-il prendre position en faveur ou contre des conflits ? A la suite de Jésus et de notre modèle, notre choix est tout tracé : Que la paix soit dans vos murs, Jérusalem, Bethléem, et tout l’Orient…