Pas de retraite dans la transmission de la foi !
« Je suis avec toi tous les jours ». Tel est le thème de cette première journée mondiale des personnes âgées et des grands parents. Le pape François souhaite ainsi « exprimer la proximité du Seigneur et de l’Église à l’égard de chaque personne âgée ». Par ces mots, le Pape veut montrer que les personnes âgées sont une richesse pour la société. Faire place aux personnes âgées, c’est faire place à la vie ! Les mettre de côté « pour des raisons purement productives » provoque « un appauvrissement incalculable, une perte impardonnable de sagesse et d’humanité ». C’est aussi couper les racines qui permettent à la société de croître et de « ne pas s’aplatir sur les besoins momentanés du présent ». Pour le dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, « les jeunes sont appelés à être présents dans la vie des personnes âgées » et ces dernières elles aussi « ont une mission d’évangélisation, d’annonce ». C’est le cas de Colette, une arrière-grand-mère de 97 ans, vivant seule chez elle, qui se dit « apaisée et si heureuse » au contact de ses descendants. Elle évangélise par son être tout entier car elle sait « mettre en relief les dons de la vie » et la charité quotidienne avec son entourage du village.
Un soutien pour les jeunes
Sans les personnes âgées, les jeunes n’ont plus de racines. Sans les jeunes, les personnes âgées perdent leur capacité de rêver. Le contact des jeunes avec les personnes âgées permet une croissance humaine féconde. C’est ainsi que les jeunes générations trouvent dans l’existence et le soutien des aînés de précieuses aides pour le chemin de la vie et des enseignements éclairés. L’expérience et la maturité des anciens permettent de proposer des conseils pleins de sagesse. Ils sont également souvent les mieux placés et leur rôle est déterminant pour éduquer les petits et les jeunes à la foi. « Il est beau d’être âgé ! », avait lancé Benoît XVI en visitant une maison d’accueil pour personnes âgées à Rome. Dans la Bible, la longévité est d’ailleurs considérée comme une bénédiction de Dieu.
Les personnes âgées dans l’Écriture
Dans l’Ancien Testament, Moïse est un homme âgé lorsque Dieu lui confie la mission de faire sortir le peuple élu d’Égypte. Dans la lettre du pape Jean-Paul II aux personnes âgées, il nous est rappelé que « ce n’est pas durant sa jeunesse mais pendant sa vieillesse qu’il (Moïse, ndlr) accomplit, sur ordre du Seigneur, les grandes œuvres en faveur d’Israël ». Le Nouveau Testament présente quant à lui d’éloquentes figures de vieillards comme Élisabeth et Zacharie, les parents de Jean-Baptiste. En regardant l’exemple si éclairant de saint Jean-Paul II, cette étape de la vie est un don pour approfondir le rapport avec Dieu. Les personnes âgées nous apprennent aussi la dimension de la gratuité en donnant de leur temps, leurs capacités et leur expérience.
Une saison du don
Les personnes à la retraite sont libérées des obligations liées à leur travail et entrent dans une période de disponibilité et de dévouement. C’est ce que soutient avec force un document de l’Académie pontificale pour la vie pour qui « l’élimination des personnes âgées de la vie de la famille et de la société représente l’expression d’un processus pervers dans lequel n’existe plus la gratuité, la générosité, cette richesse de sentiments qui font que la vie n’est pas seulement donner et avoir ». Voici ce que Christine, une jeune retraitée membre de l’Association des soins palliatifs de la Manche vit dans son engagement auprès des personnes en fin de vie. Elle offre son temps, son écoute et le silence, « très porteur, qui fait du bien ». Elle évoque son rôle comme étant celui d’un « passeur » et respecte les convictions de chacun, tout en leur confiant qu’elle prie pour eux. Ce bénévolat et cette disponibilité lui apportent beaucoup et sa présence auprès de ces personnes est une manière d’être témoin du Christ. Elle se rappelle une fois où elle avait proposé de réciter une prière à une femme, pour qui la religion était un lointain souvenir, puis en la quittant, elle a entendu la famille venue auprès de ce parent en fin de vie réciter cette même prière. Un médecin en soins palliatifs, Gian Domenico Borasio, disait : « On pense que ce sont les vivants qui ferment les yeux des mourants, mais ce sont les mourants qui ouvrent les yeux des vivants ». Ainsi, honorer les personnes âgées s’apprend. L’honneur, en hébreu, signifie le poids, la valeur. Honorer un ancien, c’est reconnaître la valeur d’une présence, tout aussi fragile qu’elle soit.
La force de la fragilité
Le témoignage des personnes âgées, avec leur fragilité, est précieux et redonne parfois courage par un conseil réconfortant, une prière, même silencieuse, leur patience et leur abandon. C’est ce que vit Hélène, 94 ans, qui évangélise en se laissant faire, en ne rechignant jamais, en s’abandonnant dans les mains des aides-soignantes venues chez elle. Le toucher est pour elle la manière de s’exprimer, alors qu’elle a perdu tous ses autres sens. Elle caresse la main de ceux qui viennent l’aider, par affection. Sa gentillesse et son attention aux autres sont clairement sa manière d’aimer et de témoigner du Christ, en transformant sa fragilité en force. C’est aussi ce que vit Odette qui utilise ses talents de couturière en reprisant les chaussettes pour une maison de retraite en Savoie. La joie de procurer du plaisir aux autres est commune à tous ceux qui se donnent et ouvrent encore et toujours leurs cœurs. Ces témoins de l’amour sont des passeurs du Christ.