Le cinéma : un lieu d’évangélisation
Un reflet du bien et du beau comme un rayon de Dieu. Voici ce que nous recherchons en allant au cinéma, même si ce désir reste parfois enfoui et inavoué. Le film est l’instrument le plus accessible et le plus simple pour transmettre un message ; le cinéma, avec la télévision, est l’un des moyens de communication les plus populaires. C’est par la culture de l’image qu’on a aujourd’hui l’impact le plus fort en réussissant à atteindre toutes les personnes. En effet, les films montrent une réalité cachée : ils permettent souvent d’approfondir la connaissance de la vie et des hommes et cherchent à élever l’esprit. Pour le réalisateur d’origine américaine Eugène Green, « il y a forcément quelque chose de spirituel » dans les films, « même si les réalisateurs ne sont pas croyants ». Les films sur l’intériorité et le mystère des êtres, comme ont pu le faire les cinéastes Yasujiro Ozu ou encore Michelangelo Antonioni, sont une façon indirecte de parler de Dieu. Être présents dans tous les lieux de culture, évangéliser le cinéma et transmettre le Christ par le cinéma : ces missions sont attendues et reconnues. Déjà en 1955, Pie XII voyait dans le cinéma un « moyen rapide et agréable de rassasier la soif de connaissance et d’expériences » que cherche la jeunesse. Le cinéma « ne peut surtout pas être négligé par l’Église et ses pasteurs », poursuivait-il.
Impact et fascination
Au cinéma, l’homme est captivé pendant plus d’une heure, dans une salle plongée dans l’obscurité. Son attention est focalisée sur le film et, a priori, n’est pas parasitée par d’autres écrans. Une manière d’intérioriser ce qu’il regarde et de vivre une expérience forte où ses sens sont sollicités. Les larmes versées dans les salles de cinéma sont nombreuses : n’est-ce pas la preuve que les cœurs sont touchés ? Chaque personne a un cœur, mais il peut souvent être bloqué. Il faut donc le solliciter, trouver son cheminement et le cinéma est un des moyens. Un film transporte le spectateur dans un monde imaginaire ou met sous ses yeux la réalité distante dans le temps et l’espace. C’est un spectacle vivant et palpitant qui procure une détente, éloigne l’ennui ou les soucis et parfois entraîne le spectateur dans un monde illusoire.
De l’écrit à l’écran, de la peinture au cinéma
Nous sommes passés d’une civilisation de l’écrit à une civilisation de l’image. Aujourd’hui, transmettre un message passe par le biais de l’image. Pour la fondatrice du festival du film catholique à Rome, Liana Marabini, « les films ont aujourd’hui le rôle que la peinture avait pendant la Renaissance : un film est un instrument très accessible, tout le monde comprend un film ». L’expression artistique est un don de Dieu. Pour feu Michael Lonsdale, le cinéma et la peinture sont deux composantes fondamentales de sa vie : une manière de relier le passé et le présent et d’unifier l’art et la foi dans sa vie. Benoît XVI voyait dans l’art et la foi un « binôme qui accompagne l’Église et le Saint-Siège depuis deux mille ans, un binôme qu’aujourd’hui aussi, nous devons valoriser davantage dans l’engagement d’apporter aux hommes et aux femmes de notre temps l’annonce de l’Évangile, du Dieu qui est Beauté et Amour infini ». « Le langage de l’art est un langage en paraboles, doté d’une ouverture universelle particulière », assure le pape émérite pour qui la beauté est capable de « guider l’esprit et le cœur vers l’Éternel, de les élever jusqu’aux sommets de Dieu ».
Art et spiritualité
L’Église a toujours occupé une place importante dans le cinéma : elle est capable de toucher un public aussi bien croyant que non-croyant. Le message peut être enrobé d’un certain mystère et apporter des contradictions pour bousculer un spectateur non-croyant dans ses convictions. Le triomphe du film Des hommes et des dieux (2010) démontre que le message d’amour de l’Évangile trouve son chemin vers le cœur de tous les hommes, pas uniquement d’un groupe d’initiés. Avec ce film retraçant la vie des moines de Tibhirine (Algérie), le comédien catholique Michael Lonsdale a reçu le César du meilleur second rôle : il incarnait l’un de ces moines, le frère Luc. Ce film a clairement une vocation spirituelle, exposant au grand jour un message de paix et de charité qui habitait ces moines immergés en terre musulmane. Cet acteur connu et reconnu pensait qu’en endossant un habit religieux au cinéma, cela pouvait créer des vocations ! C’était sa manière de transmettre le message du Christ. Dans la même veine, le film américain Cristeros (2014) montre ouvertement la lutte pour la liberté religieuse au Mexique. Le défi proposé par Dieu n’est pas mort (2017) prouve pour sa part que l’existence de Dieu n’en finit pas de nous interroger. Ce film montre qu’un étudiant refuse d’attester, en cours de philosophie, que Dieu est mort. La Prière (2018) est quant à lui un film faisant découvrir l’amitié, le travail, l’amour et la foi. Lourdes (2019) met au grand jour la foi des malades qui viennent se confier à Notre-Dame de Lourdes, présentant leurs pauvretés et leurs fragilités. Les miracles qui ont lieu dans ce sanctuaire interpellent. Le succès de ces films prouve qu’ils ne laissent jamais indifférents et invitent à se poser des questions sur le sens de la vie et, a fortiori, sur la foi. L’art, vecteur de communion, peut être un souffle de joie. L’art et la beauté se rejoignent ; réconcilier le monde avec la beauté n’est pas superflu. Le cinéma, alliant les deux, transmet cela avec force et peut attirer les regards et les cœurs.