Charles de Foucauld, un grand frère pour les jeunes
«Le phare que la main de Dieu a allumé au seuil du XXe siècle va briller dans le monde entier à partir du 15 mai 2022 ! » Ces paroles du théologien dominicain Yves Congar à propos de Charles de Foucauld étaient prophétiques ! Un phare pour que la jeunesse désorientée arrive à se repérer et à avancer, quelle que soit la complexité de la route. Cet homme, dont la jeunesse fut chaotique, a donné son nom à de nombreuses écoles et troupes scoutes. Les éducateurs ont tôt vu en ce « frère universel » un modèle à donner à la jeunesse, une vie à imiter. Sœur Élodie Blondeau, petite sœur du Sacré-Cœur vivant en Seine-Saint-Denis (93), voit en « Frère » Charles « une figure inspirante car son chemin n’était pas tout tracé d’avance. Il a progressé d’étape en étape, sans bien savoir où il allait, se laissant conduire par l’Esprit et par les évènements qui l’ont mené toujours plus loin dans la rencontre de l’autre et la découverte de ce qu’est la fraternité. » Ce chemin hésitant rejoint celui des jeunes du XXIe siècle, ancrés dans une société marquée par le consumérisme, l’immédiateté et où tout est à notre portée en un clic. Chez Frère Charles, cela a engendré davantage d’acédie que de joie, cette dernière arrivant avec sa conversion. Face à cette instantanéité, Charles de Foucauld prouve par sa vie que la confiance et la patience sont prioritaires : les fruits de son œuvre datent davantage de sa vie posthume.
Du non-sens à la conversion
Orphelin à 6 ans, Charles de Foucauld perd la foi à 16 ans. Il traverse une période de mal-être, accentuée par la mort de son grand-père en 1878. À 20 ans, il confie : « Je ne voyais plus Dieu ni les hommes, il n’y avait que moi ». Il s’ennuie dans sa vie de garnison et veut vivre pleinement mais ne sait pas bien comment. Sans repères dans son monde déjà de plus en plus incroyant, ce jeune cherche, tâtonne, se perd dans des mirages. Il n’est pas heureux. C’est la vue des croyants musulmans qui fait resurgir en lui la question de Dieu. Taraudé par cela, il implore le Seigneur : « Mon Dieu, si vous existez, faites-le moi connaître ». En 1886, à l’église Saint-Augustin à Paris, il rencontre l’abbé Huvelin qui sait reconnaître sa quête de sens. Il se convertit alors et laisse ces écrits : « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui ». C’est ainsi qu’après avoir eu une vie dissolue, la grâce a fini par le toucher, jusqu’à ce que Dieu seul le comble. Cette réalité a tellement marqué une maman il y a 53 ans qu’elle a appelé sa fille Charlotte, pour la mettre sous la protection de ce futur saint. Converti, Charles de Foucauld change de vie en se donnant inlassablement par amour de Dieu et des hommes.
Chercher à se dépasser
Charles de Foucauld rejoint le désir des jeunes de se dépasser : « Plus on aime Dieu, plus on aime les hommes », aimait à dire ce saint. Combien de jeunes cherchent à s’accomplir uniquement par eux-mêmes en pratiquant par exemple les sports de l’extrême, mais ne sont jamais rassasiés et veulent toujours dépasser les limites. Charles de Foucauld va comprendre que seul l’amour de Dieu peut combler le désir d’absolu, une aspiration que l’on retrouve particulièrement parmi les enfants et les adolescents. Cinq mois avant sa mort, il écrit « l’amour consiste, non à sentir qu’on aime, mais à vouloir aimer ». Pour lui, « l’imitation est inséparable de l’amour (…) : quiconque aime veut imiter ». Voici des conseils qu’un grand frère peut aisément donner à un petit frère ou une petite sœur. Sa devise Jesus Caritas (Jésus Amour) est accompagnée d’un emblème : un cœur surmonté de la croix, pour montrer sa soif d’imiter Jésus dans la charité universelle et conduire tous les hommes au Dieu d’Amour.
Proche de tous
Charles de Foucauld souhaite qu’on le regarde comme un frère. Il a le souci de rejoindre les plus lointains, les plus pauvres et nous invite à sortir de nos frontières rassurantes. Il se réjouit lorsque les « habitants chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres (…) commencent à appeler la maison “la Fraternité” ». Cette proximité avec les hommes et spécialement avec le peuple Touareg parmi lequel il vit lui est douce.
« Lui qui rêvait de tout donner, souligne Sœur Élodie, et qui était parti rejoindre les Touaregs qu’il considérait comme les plus éloignés pour leur apporter la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus Christ, a appris à recevoir de ceux qu’il était venu évangéliser… Il s’est mis patiemment et attentivement à l’écoute de leur langue et de leur culture en accomplissant un travail monumental qui a contribué à mettre en valeur un patrimoine culturel et linguistique jusqu’alors insoupçonné ». Aujourd’hui, un jeune cache sa foi et ose peu témoigner : Charles nous montre combien la bonté et l’exemple d’une vie marquent, bien plus que des paroles ou la séduction. On évangélise par l’exemple de sa vie. Frère Charles a l’audace d’aller vers ceux qui ne lui ressemblent pas et notamment les musulmans. Cette force intérieure a inspiré Sophie, jeune maman ayant vécu en Égypte et ayant donné naissance à un petit Foucauld. « La parole est beaucoup, mais l’exemple, l’amour, la prière, sont mille fois plus », insiste Charles de Foucauld.
Ainsi, sœur Élodie, qui vit depuis 14 ans sur l’île Saint-Denis, engagée au sein du Service des Relations avec les musulmans du 93, confie que Frère Charles est « un grand frère dans la foi » qui l’aide à vivre chaque rencontre. Ce saint encourage la jeunesse à persévérer dans les chemins de la fraternité et de la charité.